Accueil A la une Les journées du cinéma résistant sont nées : «Pour un art libre, affranchi des discours dominants»

Les journées du cinéma résistant sont nées : «Pour un art libre, affranchi des discours dominants»

 

Pour leur première intervention, qui s’est déroulée le soir du 22 octobre dernier, soit 3 jours après l’annonce de l’annulation des JCC par le ministère des Affaires culturelles, les organisateurs ont choisi le mur du siège de l’Institut culturel français à Tunis, comme écran de projection. Ils y ont tagué des images en mouvement, celles de films retraçant l’histoire de la lutte du peuple palestinien, à la place de tous ces tags de soutien à la Palestine qui ont été effacés.

«Vous qui voyez les images de la barbarie en cours, et qui êtes impuissant.e.s face à leurs horreurs.

Vous qui voyez en la résistance la possibilité de libérer la terre et ses habitants.

Les images, les sons, le montage et le cadre vivent et se cristallisent en une forme de résistance.

Résistance face à l’imagerie dominante, et à cette culture qui marginalise la culture.

De ce fait, nous choisissons la rue et nous n’avons besoin ni de directions, ni d’institutions, ni de festivals, ni de financements.

Notre chemin a commencé contre le mur d’une institution «culturelle» dominante qui couvre la pensée, le discours et la création, une institution qui blanchit la colonisation et l’apartheid, blanchissant par la même occasion ses murs en couvrant le drapeau palestinien.»

C’est ainsi que s’ouvre l’édito-manifeste signé par des militants de la société et diffusé sur les réseaux sociaux depuis le 23 ocotobre dernier, annonçant la création des «Journées du film résistant» qui revendiquent «un art libre et affranchi des discours dominants».

Plus qu’un festival, il semble s’agir là d’un mouvement de contre-culture, une prise de position en réaction à l’annulation de la 34e session des Journées cinématographiques de Carthage (JCC). L’idée étant de proposer des projections de rue sur la cause palestinienne, libre d’accès et ouvertes à toutes et à tous.

Aux interventions armées, on répond par des interventions artistiques. L’on peut même parler de happening car le dispositif et le mode opératoire de ce «festival» relèvent en lui-même du street art et de la performance participative.

Pour leur première intervention, qui s’est déroulée le soir du 22 octobre dernier, soit 3 jours après l’annonce de l’annulation des JCC par le ministère des Affaires culturelles, les organisateurs ont choisi le mur du siège de l’Institut culturel français à Tunis, comme écran de projection. Ils y ont tagué des images en mouvement, celles de films retraçant l’histoire de la lutte du peuple palestinien, à la place de tous ces tags de soutien à la Palestine qui ont été effacés.

« Ce choix se veut une double protestation : contre la décision de l’autorité de tutelle d’annuler une manifestation d’une grande importance et qui aurait dû être dédiée à la Palestine et contre le soutien apporté par le gouvernement français à l’agression israélienne et au massacre d’innocents civils palestiniens, qui se poursuivent depuis l’opération Déluge d’Al Aqsa, le 7 octobre», expliquent les organisateurs.

S’en est suivie, le lendemain, la projection de «Kafr kasem» du syrien Borhane Alaouié, à Jendouba sur les murs d’une salle de cinéma désaffectée. Une autre symbolique pour le coup !

Sorti en 1974, le film a été présenté en 1974 aux Journées cinématographiques de Carthage. Il raconte le massacre perpétré par l’occupation israélienne sur la population du village palestinien Kafr Kassem.

Une deuxième intervention à Tunis, le 26 octobre dernier sur la place du martyr Mohamed Brahmi à Jeanne d’Arc, avec au programme des courts-métrages, dont deux signés par le réalisateur palestinien Mustafa Abu Ali, un des fondateurs du cinéma de la résistance :  «Scènes d’occupation à Gaza» et «La Palestine en vue : Hani Jawhariya». La séance de projection s’est poursuivie par un débat sur la thématique de l’art en tant que résistance et sur la manière de le libérer des récits de la domination et du colonialisme. Les mêmes films ont été projetés le même soir à Béja.

Zaghouan et le Fahs ont rejoint le mouvement avec d’autres projections, respectivement le 26 et le 27 octobre, avec au programme : «The war inside us» et «Matchstick», deux courts-métrages du Palestinien Ahmed Mahmoud et un troisième signé Mohamed Sami qui raconte, dans une fiction intitulée «Lettre de Sami», le bombardement de l’hôpital gazaoui Al Ahli.

Le dimanche 29 octobre est annoncée une soirée de lecture-hommage à 18h30 à Tunis à l’Avenue de Paris, organisée par l’association Dar el Umuma. Il y est question de faire honneur à la mère palestinienne à travers la lecture de témoignages. «Un contre-récit doit émerger : la souffrance et la résistance des mères palestiniennes ne doivent plus être passées sous silence», soulignent les organisateurs.

Accordées au temps de la résistance palestinienne, les Journées du cinéma résistant se poursuivent jusqu’à un délai indéterminé.

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