Pauvres de nous, qui sommes démunis devant l’horreur, nous, qui assistons à l’une des plus atroces tueries : les raids aériens s’intensifient précédés de courtes incursions à intervalles réguliers pour préparer l’invasion terrestre ; cette grande offensive annoncée tambour battant. 21 jours de guerre, des tonnes de bombes, plus de 7.000 victimes dont plus de 3.000 femmes et enfants. Un massacre ! Le plus terribles du siècle. On est condamné à nous répéter, parce que comme tout le monde on ne peut se soustraire aux affligeantes actualités. Leurs incessantes et contradictoires informations nous donnent la nausée et…nous soumet au désespoir, hélas !
Cette guerre, on le savait, est extrêmement inflammable tant chez les Arabes que chez les Européens. La rue manifeste sa colère dans les villes arabes et européennes, des marches programmées et spontanées se sont multipliées. La vague de soutien aux habitants de Gaza ne cesse de grossir. La petite enclave s’est transformée en symbole, son nord comme son sud sont sur toutes les langues.
Tout le monde semble avoir quelque chose de Gaza dans son cœur, personne ne peut agir concrètement sur la guerre, sauf partager la souffrance des victimes. L’Europe est divisée, une réunion succède à l’autre, sans résultat probant. L’Union européenne tient réunion sur réunion, sans résultat, s’inquiétant de l’état humanitaire, elle appelle à une pause, mais c’est la cacophonie qui se fait entendre.
Pendant ce temps, Israël continue son offensive terrestre, signalant des morts qui s’ajoutent aux morts. Cette guerre, annoncent les chiffres, est la plus meurtrière. Le nombre de victimes dépasse celui des 4 dernières guerres combinées depuis 2014. Et ce n’est pas fini, puisque les armes, sous toutes les formes, sont prêtes à agir encore.
Hier, samedi, Gaza au réveil, s’est trouvée encore plus isolée. La veille, ses 2 millions 300 mille habitants ont été coupés du monde, pas d’électricité, pas d’internet, les organisations humanitaires, les journalistes ont perdu leurs contacts, alors que, jusque-là, le brouillard de la guerre, nous le percions par l’information. Le malheur, la misère, la souffrance ne devraient être ni vus, ni entendus, les images de destruction, de dégâts, de mort ne devraient pas être partagées.
L’Assemblée générale des Nations unies a adopté vendredi une résolution non contraignante sur la protection des civils et le respect des obligations juridiques et humanitaires dans la crise en cours. Le projet de résolution, présenté par la Jordanie, a reçu 120 voix pour, 14 contre et 45 abstentions.
Cette résolution, à notre avis, restera, comme celles qui l’on précédée, lettre morte. Elle sera enterrée comme la résolution de 2010, adoptée par le Conseil de sécurité, relative à la question palestinienne.
Un pays fort et riche soit-il, quoi qu’il fasse, à long terme ne peut déplacer un peuple de son lieu de vie et le transférer dans un autre. Comment après cette guerre, Israël va-t-il s’en sortir?
Et la poésie ?
Un homme incarne la terre palestinienne, l’un des plus illustres poètes, porte-drapeau de la cause du peuple sans terre : Mahmoud Darwich. Son œuvre est le sujet du paradis perdu, ses poèmes ont été mis en musique, chantés (notamment par Marcel Khalifa). Il n’est pas inutile de rappeler ses douleurs, ses joies et ses espoirs. Ecoutons-le :
Ici, sur les pentes des collines, face au couchant
Et à la béance du temps,
Près des vergers à l’ombre coupée,
Tels les prisonniers,
Tels les chômeurs,
Nous cultivons l’espoir.