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Lutte contre la pénurie d’eau, une mentalité et des pratiques

Editorial La Presse

 

On a souvent tendance à l’oublier, l’eau douce n’est pas une ressource illimitée. D’une année à l’autre, nos stocks, sous l’effet du réchauffement climatique, trouvent beaucoup de mal à se reconstituer. Et c’est surtout en 2023 que cette question a pris toute sa dimension. Les dernières statistiques ne sont pas seulement inquiétantes mais alarmantes.

Et tout laisse à croire que l’étape à venir sera beaucoup plus aride. Certains s’apprêtent à déclarer l’alerte sécheresse, et d’autres, l’état d’urgence.

La Tunisie, qui n’a jamais, ou presque, pris cette question au sérieux, semble aujourd’hui beaucoup plus consciente de la gravité de la menace. On commence à approfondir les réflexions, à multiplier les campagnes de sensibilisation et à préparer les scénarios de riposte. Car la lutte contre l’appauvrissement de nos ressources hydriques serait une bataille très complexe dont l’issue est totalement incertaine.

Ce qui donne réellement des frissons, c’est l’ampleur des répercussions économiques, notamment au niveau des secteurs stratégiques, qui dépendent largement de l’eau. L’agriculture, l’industrie, le tourisme et l’énergie en premier lieu.

Les enjeux sont donc tellement sensibles qu’ils supposent un changement radical de nos habitudes. A ce stade, la chasse au gaspillage se place comme une priorité. Les études relèvent justement que des milliers de litres sont perdus chaque année, faute de bonnes pratiques, alors qu’il aurait suffi de petits gestes et d’un minimum de civisme et de responsabilité pour réaliser des économies importantes qui pourraient soulager — du moins relativement — nos stocks.

La promotion des ressources alternatives constitue, de son côté, une option incontournable. On pense surtout au traitement et à la réutilisation des eaux usées qui continuent à augmenter la pression sur nos réserves nationales et alourdir par conséquent le déficit. Cela est d’autant plus crucial que ces eaux sont très utiles pour l’irrigation ou encore pour certaines industries, l’agroalimentaire entre autres.

Malheureusement, la Tunisie reste très en retard dans ce domaine et semble peu consciente de ces enjeux. Une attitude à repenser d’urgence, surtout que d’autres pays ont fait de cette technique une orientation stratégique. Selon les dernières projections, la France entend porter la moyenne d’eau usée traitée et réutilisée de 1% actuellement à 10% en 2030. En Espagne, ce taux est déjà de 14%. Au Singapour ou encore au Danemark, il est beaucoup plus important. On parle de plus de 40%.

Les organisations internationales estiment d’ailleurs que les eaux usées, une fois bien exploitées, peuvent soulager la crise actuelle de l’eau. Car, pour elles, ces eaux sont «un nouvel or noir».

En plus de toutes ces parades, et pour répondre à certaines exigences à court terme, la Tunisie est appelée à faire certaines concessions et consentir quelques sacrifices. Les analystes retiennent ainsi l’impératif de réduire, même provisoirement, la subvention sur quelques produits de base. Cette mesure est dictée par le souci de compenser le manque à gagner agricole prévu pour l’année 2024. Un manque à gagner qui serait trop important selon la plupart des projections.

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