Accueil A la une «J’ai rêvé de toi hier», au 4e Art : Être de couleurs, être de lumière

«J’ai rêvé de toi hier», au 4e Art : Être de couleurs, être de lumière

 

Œuvre délicate, une écriture fragile à la lisière du fantasme, du rêve et de la réalité. Le désir d’interpréter, de saisir un personnage et l’exploration de soi. Une mise en abîme qui effleure du bout des doigts une histoire à raconter. Œuvre née d’une complicité particulière entre Lobna Mlika et Ibrahim Jomaâ, assistance créative par Eya Trabelsi et musique originale de Jihed Khemiri

Les plus beaux actes affranchis de l’art c’est quand, tout en confiance, nous nous laissons happer dans l’intimité de l’acte lui-même, que quand un fil nous est tendu et que nous le suivons sans vigilance dans un parfait désir d’adhésion. 

La forme théâtrale de Lobna Mlika et Ibrahim Jomaâ nous rappelle la complicité des enfants des contes de fées, celle de Hansel et Gretel, les enfants qui se tiennent par la main pour se rassurer et sortir de l’horreur qui les menace. Cette forêt-là est celle de l’horreur des actes et des pensées, de l’imaginaire et du rêve, de l’angoisse à la lisière du désir. 

Dans cet acte-là, le dévoilement de l’intime est bouleversant; généralement on ne raconte son rêve qu’aux plus proches, voire à soi et les croyances nous interdisent même de raconter son rêve, de peur qu’il se réalise dans la réalité.

Les rêves de Lobna et Ibrahim sont un mélange de souvenirs, de réel, d’images construites juste par l’extraordinaire du mental, des distorsions d’une perception, l’angoisse d’une transposition… Et c’est avec des mots aussi affranchis que la parole libère ce que toute mère s’interdit de dire, s’interdit de penser mais que rien n’empêche d’exister. Entre l’amour, et son versant le plus atroce c’est dans le sang que se réunissent la naissance et la mort. Un fil rouge qui trace la ligne de la vie avec ces contours, ses frontières, ce qu’elle offre comme image mentale qui se dresse comme une réalité .. Notre réalité. 

Dans la forme et l’écriture où la Lumière en est un élément principal.

Acteur à part entière, la lumière, dans ce travail, se place dans l’extrême. Proximité comme une source de chaleur qui réchauffe ou une lampe d’interrogatoire qui tente de nous éblouir jusqu’à l’aveuglement. Ces lampes créent des zones, déforment les visages, sculptent les corps, etc. Les objets les étirent, plongent dans les entrailles, deviennent un membre manquant dans un corps difforme. Vers cette lumière, les acteurs avancent, face à elle le mouvement se place et la pensée se construit.

De la lumière et ses zones d’ombre éclatent des couleurs ; du rouge, du jaune du vert dans une composition plastique/dramatique qui suggère la chose et son contraire, de la chaleur, la douceur à l’horreur. Cette horreur qui se nourrit dans le silence, dans les zones retranchées et quand elle apparaît, elle n’est que l’expression d’une extraordinaire éruption qui ne peut être que gigantesque.

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