Il est utile de préciser que durant la période sous le pouvoir de la Troïka, les militaires et sécuritaires, les touristes et des hommes politiques ont été la cible favorite des éléments terroristes. Une page noire de l’histoire de la Tunisie avec une réelle descente aux enfers.
Le Président de la République, Kaïs Saïed, a toujours insisté sur la nécessité d’assainir l’administration tunisienne. Une condition sine qua non pour aller de l’avant et mettre en œuvre les objectifs fixés dans tous les domaines, notamment socioéconomiques. Lors de sa récente rencontre avec le ministre de l’Intérieur, consacrée essentiellement à l’évasion de la prison civile de Mornaguia de cinq prisonniers terroristes classés dangereux, le Président n’a pas manqué de s’attarder sur une question d’une importance majeure, à savoir le noyautage du ministère de l’Intérieur par le biais de «recrues qui ont changé de noms de famille» pour se muer en agent d’infiltration. « Ces derniers n’ont pas leur place au MI, ni dans les autres départements de l’Etat », a-t-il martelé.
Le nettoyage de ce département des éléments proches de la mouvance islamiste en 2015 a certes permis aux sécuritaires d’endiguer l’hydre terroriste et de renforcer la lutte contre les groupes extrémistes violents, mais il semble bien que les taupes soient toujours là. Le nettoyage se révèle ardu, un travail de longue haleine.
Ils sont partout !
Pour mieux comprendre la question de l’infiltration, précisément, au ministère de l’Intérieur, il est impératif d’opérer un retour aux années où la Troïka était au pouvoir, avec Ali Laârayedh à la tête de ce ministère. Des agents proches du parti Ennahdha et même des courants salafistes avaient été recrutés massivement. Ceux-là mêmes, qu’on a bizarrement retrouvés dans les zones de tension ou encore brandissant le drapeau du groupe terroriste Ansar El-Chariaa. S’ajoutent à ces «recrutements sans passage au filtre» des nominations à des postes clés de cadres sympathisant avec le parti Ennahdha.
Et à l’évidence, la compétence ne constituait pas une condition nécessaire de recrutement. Se sont enchaînées alors, la dissolution de la Direction de la sûreté du territoire (DST), la révocation de hauts cadres du MI d’une grande expérience et la réintégration des éléments sécuritaires révoqués au temps de Ben Ali pour divers délits et pour leur appartenance à des courants intégristes. Par le biais de ces pratiques, les infiltrations dans des services les plus sensibles du ministère ont été rendues possibles.
A noter que les services spécialisés sont considérés partout dans le monde parmi les plus sensibles et les plus importants, eu égard à leur rôle incontournable dans la lutte contre les menaces de déstabilisation venant de l’intérieur comme de l’extérieur.
Point n’est besoin de passer en revue les incidences désastreuses de la politique de la Troïka, mais il est utile de préciser que durant cette période, les militaires et sécuritaires, les touristes et des hommes politiques ont été la cible favorite des éléments terroristes. Une page noire de l’Histoire de la Tunisie avec une réelle descente aux enfers. Aujourd’hui, et avec la récente évasion de la prison de Mornaguia des cinq terroristes, la question de l’infiltration du ministère de l’Intérieur refait surface et il est plus que jamais urgent de contrer de manière efficace le noyautage de ce ministère et d’autres ministères et institutions publiques.
Restructuration urgente
L’évasion des prisonniers en question a dévoilé au grand jour ce qui se trame derrière les coulisses contre l’Etat et révélé un fait très grave auquel il est urgent de faire face, celui d’un noyautage bien orchestré qui a profité ces dernières années d’un certain laxisme et dilettantisme de certains services relevant du ministre de l’Intérieur, de l’instabilité au niveau du commandement sous l’effet des nominations et limogeages successifs et surtout en raison de l’absence de restructuration des services spécialisés dont les renseignements généraux, selon d’anciens sécuritaires.
L’assainissement de l’administration tunisienne, notamment du ministère de l’Intérieur, auquel a appelé le Président de la République, est une priorité absolue. Changer de noms pour se faire une nouvelle virginité professionnelle et «blanchir son dossier» administratif et user de faux diplômes universitaires. Toutes sortes de pratiques dont les visées de déstabilisation du pays sont avérées.