L’île de Djerba a fait officiellement son entrée au patrimoine mondial de l’Unesco. Ce choix n’est pas fortuit. L’île, qui est le neuvième site tunisien à avoir été classé sur la liste de l’Unesco, est réputée pour la richesse de son patrimoine et de son histoire, nourris et enrichis par l’héritage et les traditions des peuples et des civilisations qui ont foulé son sol au cours des siècles. Cette diversité se reflète notamment à travers les surnoms et les appellations dont l’ont affublée Grecs, Carthaginois, Phéniciens et Romains avant que le nom de « Djerba » ne devienne définitivement sien.
La réputation de l’île de Djerba ne date pas d’aujourd’hui. Des écrits très anciens sur les périples des Grecs, des Phéniciens et des Romains dans le bassin méditerranéen évoquent l’île sous différentes appellations.
En effet, le nom de l’île a changé plusieurs fois au gré des époques, des ressentis et des impressions des navigateurs, guerriers, gouverneurs… qui ont foulé son sol, gardant en eux une trace indélébile de leur passage sur l’île. Sa position stratégique au sein de la Méditerranée, sa particularité géographique, son climat doux et l’hospitalité légendaire de ses habitants ne laissent personne indifférent au fil du temps et des civilisations qui se sont succédé à travers l’histoire.
Ulysse et l’île des Lotophages
On lui attribuera plusieurs surnoms dont le plus célèbre est celui de «l’île des Lotophages » qui remonte à l’Antiquité. Dans l’Odyssée, Homère évoque, en effet, une île située entre la mer Egée et le Golfe de Syrte sur laquelle Ulysse et ses compagnons auraient échoué et goûté au fameux Lotos, un fruit au goût mielleux qui plonge tous ceux qui y goûtent dans une douce amnésie, leur faisant oublier leur provenance. Subjugués, ils lui ont attribué le nom de « l’île des Lotophages » qui signifie l’île des mangeurs de Lotos. Elle se nommait aussi « Brachîon » dans le Périple du Pseudo Scylax (périple grec qui a eu lieu au Ve siècle avant J.C) en référence aux bancs qui l’entourent. A l’époque de la Grèce antique, elle est également mentionnée, à plusieurs reprises, sous différentes appellations, par des historiens grecs, à l’instar d’Hérodote (480 av. J.C- 425 av. J.C) qui l’évoqua sous le nom de « Kyranis », une île qui est particulièrement appréciée par les Carthaginois pour ses vignes et ses oliviers.
Meninx à Girba
Le philosophe grec Théophraste la désignera dans son atlas botanique « Histoire des plantes » (314 av. J.C) par une double appellation attribuée, en langue punique, au fruit du jujubier qui poussait abondamment sur les terres fertiles de l’île et qui était communément appelé « Lotophagite » ou « Pharide ». Mais un des noms les plus connus de l’île, à l’époque grecque, est, sans conteste, « Méninx », évoqué par l’astronome grec Erasthotène. C’est aussi le nom d’une des grandes cités, située sur la côte sud-est près de l’actuel Henchir El Kantara, et qui va devenir, sous l’empire romain, un comptoir commercial florissant ainsi que le chef-lieu de l’île. Djerba changera, ensuite, de nom sous l’empire romain. Après la mort de deux empereurs de Rome Trebonianus Gallus et son fils Volusianus qui sont nés sur l’île, un hommage leur sera rendu à travers la publication d’un décret romain, datant de l’an 254 et qui désignera officiellement l’île sous le nom : « Creati in insula meninge qua e nunc Girba dicitur». A partir de cette date, l’île sera désignée par le nom de «Girba» qui deviendra le nom que l’on connaît aujourd’hui «Djerba».