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La fiscalité, un levier mais aussi un frein

Editorial La Presse

 

L’iniquité fiscale n’en finit guère d’alimenter le débat. On a toujours remarqué que nous sommes un pays qui n’a pas de politique fiscale juste et efficace. Par la justice, on est d’accord pour dire que ce sont les fonctionnaires et les petites et moyennes entreprises, que ce soit en mode retenue à la source ou imposition directe et indirecte sur les revenus, qui contribuent le plus aux recettes fiscales. Contrairement à ces rentiers qui ne génèrent aucune richesse nationale mais qui s’évadent ou qui payent peu, sans oublier maintes professions libérales et commerces florissants qui usent de tarifs élevés, mais qui se cachent derrière le fameux régime forfaitaire. Les fonctionnaires, par exemple, sont étouffés par cette imposition élevée et retenue à la source qui érode leur pouvoir d’achat, alors qu’en même temps, des milliers de personnes physiques et aussi morales, à l’instar de ces contrebandiers et cette économie parallèle, ne payent rien, et tirent profit des services publics. Pourquoi pas alors élargir cette assiette fiscale ? Pourquoi ne pas recenser sérieusement les personnes imposables et s’adresser directement à elles pour augmenter les revenus fiscaux ?  Dans ce cas, on payera moins en moyenne (base de redevables qui augmente), et l’Etat pourra améliorer sa rentabilité fiscale, tout en diminuant la pression fiscale. Sinon, pourquoi s’acharner sur les petites entreprises locales ou exportatrices qui vivent péniblement dans leur environnement concurrentiel et qui souffrent de charges fiscales exorbitantes ?

Il est clair que l’inégalité devant l’impôt que l’on perçoit aboutit à un autre fait : l’inefficacité de la politique fiscale. Quand les taxes et impôts directs et indirects sont élevés et disproportionnés créant un sentiment d’injustice, ils vont enrayer la machine de production et décourager les opérateurs. Quand on est submergé d’impôts, quand on ne perçoit pas à temps ses créances fiscales envers l’Etat (différence  entre TVA collectée et déductible), quand on ne parvient pas à générer des bénéfices, les entreprises vont s’essouffler et fermer les unes après les autres. Pour soutenir l’investissement local et étranger, la règle est simple : une fiscalité souple et variable selon la richesse engendrée et le nombre d’emplois créés va encourager à produire et à embaucher sans être angoissé par le risque de perdre. Il faut que tout le monde paye ses impôts — on est d’accord là-dessus — mais réellement, ceux qui travaillent et qui créent de la richesse sont trop assujettis, et ceux qui vivent de rente et d’usure payent peu. Une politique fiscale intelligente et différenciée sauvera l’économie du pays.

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