Saïd Saïbi ne s’entête plus, semble-t-il. Il réfléchit plutôt, tente des coups, se trompe, corrige les imperfections et essaye de nouveau. Cependant, il gagnerait à travailler davantage sur l’endurance des siens, pour ne plus finir sur les rotules en fin de match…
Exempt du déroulé de la 10e journée du championnat, les Clubistes suivront attentivement les prestations de leurs poursuivants immédiats, le tenant demain, puis le ST et l’OB le lendemain. A l’arrêt donc ce week-end, le leader clubiste poursuivra cependant son duel à distance avec les quatre autres concurrents actuels pour le play-off, avant d’entamer un cycle de matchs forcément relevés, face au champion en titre étoilé et contre Dreams FC à Radès.
D’ici là donc, ce répit va permettre à Saïd Saïbi de revoir quelques imperfections entrevues ça et là, face à Gafsa particulièrement. Saïd Saïbi, parlons-en, en l’état. Décrié, critiqué et presque lâché après la mauvaise série de fin d’été (parités face aux Etoilés, Gafsiens, Stadistes et revers en Ethiopie), l’entraîneur du CA aura finalement survécu à cette période de crise de résultats. En a-t-il tiré les enseignements qui s’imposent, retenu certaines leçons ? Les résultats plaident en sa faveur mais sa préférence pour la construction d’une forteresse imprenable en seconde partie de 2e mi-temps, au détriment du jeu, interroge quant à l’endurance et la résistance des siens vers la fin. Bref, le CA ne bétonne certes pas en cette période du jeu précise, mais il finit sur les rotules quand même. Hors du «green» cependant, l’on peut affirmer que la mauvaise série aurait pu entraîner le départ de Saïbi, n’eut été la sagesse de la direction qui l’a maintenu. Saïd Saïbi renversera rapidement la situation en améliorant les résultats et les fans ne cachent pas leur satisfaction après coup. Dans l’ensemble donc, les résultats sont satisfaisants en attendant mieux. Par ailleurs, pour aborder à nouveau la période «sombre» de l’équipe il y a deux mois, un autre son de cloche conclut que le CA a juste traversé un passage à vide, mais le groupe a ensuite bien travaillé afin de remettre l’équipe sur les rails.
Maintenant, le CA doit mettre à profit les prochains jours pour améliorer les imperfections relevées récemment, et ce, en vue d’être prêts à relever le défi du dernier tournant de la phase de groupe et l’échéance continentale avec une succession de matchs face, respectivement, à Dreams FC d’Accra, Academica Lobito d’Angola et Rivers United du Nigéria, sans oublier, entretemps, l’affiche face à l’Etoile Sportive du Sahel. A présent donc, si les joueurs ont eu droit à un court répit pour retrouver leurs esprits en se déconnectant de la compétition et de ses pressions, le plateau technique doit faire en sorte que ses joueurs ne se mettent pas «hors champ», dans la mesure où il s’agit de préserver l’élan des joueurs. C’est ce que l’on appelle un repos actif, fût-il ponctuel.
Ne pas avoir la mémoire courte
Au CA, indépendamment des résultats, les fans attendent patiemment que le coach dote son équipe d’un cachet et lui donne un style. Et même si le CA caracole en ce moment, le cas de Saïd Saïbi suscite inexorablement le débat. En clair, Saïbi n’est pas le plus aimé des entraîneurs du CA et les «broncas», qui ont jailli dans les travées du stade lors des contreperformances passées, ont illustré ce constat de manière froide et implacable. En clair, Saïd Saïbi n’est toujours pas encore parvenu à conquérir le cœur des supporters. Les fidèles du Virage Nord ne peuvent d’ailleurs s’empêcher de comparer le style proposé par le head-coach clubiste à celui imposé par certains lointains prédécesseurs…
Voilà où nous en sommes. Cela dit, sauf qu’il ne faut tout de même pas trop blâmer Saïd Saïbi. Le pressing, la folie, l’envie d’aller constamment de l’avant, ça ne peut pas fusionner en un temps record, mais ça continue de polariser l’attention sur le travail entrepris par le coach à l’entraînement. Aujourd’hui donc, rien ne permet d’affirmer que Saïbi n’est pas l’homme de la situation, et personne ne peut confirmer que le CA gagnerait à changer de main. Il ne faut pas aussi oublier que Saïbi est arrivé dans un contexte particulièrement compliqué. Un autre technicien, étranger ou local, aurait-il fait mieux à sa place ? La question peut se poser, mais il ne faut pas avoir la mémoire courte: Si, à ses débuts, Saïd Saïbi était un pari extrêmement difficile à relever, entre espoir et désillusion, le CA a souvent perdu au change en débarquant son entraîneur en cours de saison. Et avec Saïbi, jusque-là, il y a eu des hauts, des bas, des choix payants et d’autres beaucoup plus contestables.
Faire évoluer son système
En football de haut niveau, outre le foncier et le tactique, dans une équipe pro, l’entraîneur doit aussi s’appliquer à souder davantage et revêtir l’habit du «guide» pour une majorité de ses joueurs. Regonfler le moral des troupes et protéger le groupe quand ça jase dans les chaumières clubistes. En football, si un coach doit avoir des principes, des convictions, il ne faut pas toujours se montrer inflexible. Bref, une remise en cause peut avoir du bon en adoptant une posture plutôt pragmatique. Et transposé au CA, Saïbi ne s’entête plus, semble-t-il. Il réfléchit plutôt, tente des coups, se trompe, corrige les imperfections et essaye à nouveau. Cependant, s’il ne fait pas partie de ces entraîneurs qui vont au bout de leurs idées sans se rendre compte qu’elles ne fonctionneront jamais, Saïbi gagnerait par exemple à faire évoluer son système et à travailler sur l’endurance des siens. Pour ne plus finir les matchs dans un état d’épuisement, le CA doit se mettre à niveau sur ce volet précis.