Après «L’Homme qui parlait avec ses yeux», une exposition photographique organisée en 2019 à la Cinémathèque tunisienne en hommage à la mémoire de Youssef Ben Youssef (1944-2018), directeur photo, et dont elle fut la commissaire, Lilia Ben Youssef, son épouse, vient de publier un ouvrage en sa mémoire. Un ouvrage disponible depuis le 5 novembre dans les librairies El Moez, El Kiteb, Mille Feuilles et en ligne sur la plateforme ceresbookshop. A l’occasion de la parution de ce livre, Lilia Ben Youssef a bien voulu nous accorder cet entretien.
Ce livre est-il le prolongement de l’exposition ?
Ce livre est beaucoup plus élaboré que l’exposition puisqu’il décrit le parcours de Youssef Ben Youssef aussi bien au cinéma qu’à la télévision et au théâtre. J’ai choisi les films phares sur lesquels il a travaillé, comme «L’Homme de cendres» et «Les Sabots en Or» de Nouri Bouzid, «Les Silences du palais» de Moufida Tlatli et «La nuit» de Mohamed Mallas. A partir de ces films, nous avons essayé avec Ikbal Zalila et Kamel Ben Ouaness d’analyser la lumière chez Youssef Ben Youssef. Ce livre présente également un traitement différent dans la mesure où il n’est pas dans la narration classique. J’ai tenu à ce que ce livre soit présenté avec énormément de réserves et beaucoup de retenue.
Est-ce que l’homme du clair-obscur était aussi un homme dont le caractère exprime bien la bonté et la rage ?
Il avait beaucoup de rage, oui ! Mais sa rage était contre la bêtise ! C’était très dur pour lui ! Dans son métier, il était très exigeant, mais c’était aussi quelqu’un qui ne se prenait pas au sérieux, aucune once de vanité… Et moi, j’adorais cette qualité chez lui. D’ailleurs, il disait que le cinéma est l’art de bien faire son métier.
Est-ce que Youssef Ben Youssef n’a jamais pensé à réaliser un film ?
Non, il n’a jamais pensé à faire un film. Mais j’ai un scénario de lui qu’il a écrit depuis longtemps. Il était pour le fait que chacun fasse son métier et qu’il le fasse bien !
Pourquoi vous avez fait le choix de publier son journal écrit à la main ?
Dans le journal, il y a une forme d’intimité. C’est un journal que je trouve poignant et où il décrit le défi qu’il a relevé : Paris-Tunis à Bicyclette. Ce qui est fabuleux, c’est que j’ai retrouvé les mêmes images de ce qu’il a décrit il y a 50 ans.
Pourrions-nous dire que c’est un livre qui le dévoile ?
Oui, assez ! Yousef Ben Youssef n’était pas un personnage ordinaire. Aujourd’hui, il appartient au cinéma.
Qu’est ce qui reste aujourd’hui après un demi-siècle de parcours ensemble?
Beaucoup d’absence !…