Un événement très important a marqué la semaine qui vient de s’écouler. Il s’agit de la semaine internationale contre la violence et le harcèlement à l’école et contre le cyber-harcèlement. Une seule journée était consacrée à cet évènement au cours des années précédentes, mais, cette fois, l’Unesco a décidé de l’étendre sur une semaine entière, tellement le phénomène a pris de l’ampleur dans le monde. En Tunisie, l’évènement est passé presque sous silence. Sommes-nous à l’écoute de l’enfance ? Grandir avec une âme froissée et une personnalité écornée pourrait sacrifier des générations entières et porter préjudice à toute une nation.
Comment se sent un enfant harcelé ? Les symptômes sont facilement repérables : perte de l’estime de soi, la baisse des résultats scolaires, voire le décrochage, profond mal-être, conduites suicidaires. Il n’y a pas de profil type du harcelé. Le seul dénominateur commun est que l’élève harcelé est une personne qui, à un moment particulier de sa vie et dans un contexte précis, est fragilisé. Pour des raisons qui peuvent être très diverses, un élève va se rigidifier, il ne va plus réussir à gérer son environnement. Un handicap (physique, psychique ou mental), un trouble de la communication qui affecte la parole (bégaiement/bredouillement) l’appartenance à un groupe social ou culturel particulier ,des centres d’intérêt différents, tout cela peut constituer un point de départ pour ce genre de harcèlement pour des messages injurieux et conduit inévitablement à la haine et à l’exclusion.
Force est de constater que l’école tunisienne ne dispose pas d’une stratégie de lutte contre le harcèlement. Il n’y a pas non plus de mécanismes pour identifier ce phénomène ni de cellules d’écoute à l’intérieur de cette institution. Seuls les parents reçoivent quelquefois les doléances de leurs enfants. D’autres victimes se murent dans le silence. Pour la prévention de ce phénomène toutes les écoles dotées de ce mécanisme de protection contre le harcèlement appliquent ces cinq conseils : identifier le harcèlement; en parler aux personnes de confiance; se méfier des réseaux sociaux; être lanceur d’alerte plutôt que témoin passif et contacter les numéros d’urgence… A cela s’ajoutent les cellules d’écoute au sein même de ces institutions.
Actuellement, le ministère de l’Education ne dispose d’aucune stratégie pour lutter contre ce mal. Aucune réflexion non plus pour installer ces mécanismes au sein des écoles tunisiennes. ni de projet pour un numéro vert pour les enfants harcelés. Il serait donc temps d’engager une véritable stratégie pour endiguer ce phénomène de toute urgence vu l’ampleur qu’il prend.