Dimanche soir au théâtre des régions de la Cité de la culture, s’est tenue la cérémonie de remise des prix littéraires de la Fondation Abdelwahab Ben Ayed.
Présidé par Mohamed Khenissi, universitaire militant et auteur et composé par Nidhal Guiga, Ons Ben Youssef, Raja Feniche, Asma Drissi, Hichem Abdessmad, Nader Hammami et Nadhem Ben Brahim, le jury de cette 3e édition a décerné les prix suivants dans les catégories du roman en langue arabe, roman en langue française, Essai et littérature pour la jeunesse. Le prix de la poésie a été, pour cette année, retiré.
Prix de l’essai
Le jury a soulevé l’urgence de désenclaver les spécialités scientifiques, de croiser les éclairages des différents champs disciplinaires en sciences humaines et sociales, et d’oser l’interdisciplinarité.
La nécessité de questionner les pré-requis et les approches classiques dans les champs académiques et non académiques en interrogeant les notions théoriques acquises et en les remettant en cause à la lumière des grands bouleversements que connaît le monde aujourd’hui.
Ainsi que la nécessité pour la recherche scientifique de s’ouvrir davantage sur les grandes questions qui se posent actuellement en rapport avec les transformations rapides que connaît le monde et d’appréhender en profondeur l’impact de ces changements sur la vie des individus et des sociétés.
Et d’aller au-delà des lectures descriptives vers l’analyse prospective et pluridisciplinaire pour identifier les transformations majeures et anticiper leurs conséquences possibles en accordant une attention particulière aux dimensions géo-politiques, économiques et morales.
Le jury a décerné le prix de la troisième session du Prix Abdelwahab Ben Ayed dans la catégorie essai à : La pandémie Covid 19, L’événement Monstre, un essai de l’histoire du temps présent de Fethi Lissir, Edition Arabe diffusion et Edition Med Ali al-Hammi.
Prix du roman en langue arabe
Pour son originalité et son innovation, pour la force du texte et des dessins dont la complémentarité fonde un récit insolite où les planches graphiques d’une rare beauté donnent à la trame son intensité dramatique. Pour la puissance à la fois poétique, philosophique et mystique du récit dont le texte d’une grande sobriété est ponctué de citations et de longs silences. Pour la profondeur psychologique d’un voyage initiatique, à la fois intérieur et cosmique, où le personnage principal va à la quête d’une vérité inaccessible, où l’être rencontre le néant, dans un désert peuplé de forces maléfiques, où le passé rattrape le présent, où le temps et l’espace se confondent comme dans une danse soufie.
Enfin, parce que, et pour les raisons invoquées, les auteurs réussissent à donner au roman graphique sa place à part entière en tant que genre romanesque et littéraire novateur.
Le jury a décerné le prix Faba de littérature dans la catégorie du roman ou recueil de nouvelles en langue arabe à : le point zéro de Abir Gasmi et Kamel Zakour.
Prix de la littérature pour enfants et adolescents
Le jury avait évoqué l’urgence d’une littérature pour enfants et adolescents qui dépasse ses formes et contenus habituels basés sur des modèles prêts à l’emploi, des stéréotypes, des théorisations et un didactisme simpliste qui vident diverses valeurs de leur essence humaine.
Souligné le besoin d’une écriture narrative qui voit le monde à travers les yeux de l’enfant et/ou l’adolescent, non à partir d’un regard extérieur et dominant qui les considère comme une «pâte à mouler ».
Et pour sa remarquable maîtrise linguistique, la fluidité de son style et son talent d’aborder des situations de la vie quotidienne de manière à rapprocher la littérature du réel, de ses enjeux et de ses représentations sociales, culturelles, symboliques et morales touchant l’enfance. Sa réussite à faire passer des valeurs universelles sans transpositions arbitraires ni « leçons de morale », et sa construction réussie d’un monde narratif passionnant qui appréhende la relation entre l’enfant et le monde dans une perspective de valeurs ouverte à la différence et à la diversité, rejetant toute forme de discrimination, non seulement entre les humains, mais aussi entre tous les êtres qui constituent notre monde.
Le jury a décerné le prix de la troisième session du Prix Abdelwahab Ben Ayed dans la catégorie livre pour enfants à : « Naira » de kalthoum Ayachiya (Edition kheraïef).
Prix du roman en langue française
Pour ce dernier prix, le choix du jury a été guidé par la richesse de la documentation et l’étendue du savoir qui se déploient subtilement et sans prétention dans le roman, et restituent, non sans fantaisie, une certaine atmosphère d’une période de l’histoire de la Tunisie.
Pour la capacité de l’imaginaire de l’auteur et la précision des dialogues pour la singularité des aventures et des anecdotes, tel un cabinet de curiosité.
Pour l’originalité de la démarche : la réhabilitation, à Tunis, d’une figure mythique du roman policier, et l’association par l’écriture de deux imaginaires différents
Pour la maîtrise parfaite de la langue alliant l’acuité et la drôlerie, l’érudition et le jeu, renouant ainsi avec « le plaisir du texte » et pour l’humour et la légèreté du roman qui nous permet d’oser nous émerveiller devant les êtres et les choses en déverrouillant les portes d’un monde qu’on croyait perdu ; celui de l’enfance.
Le prix Faba de littérature dans la catégorie roman en langue française a été attribué à Sherlock à Tunis de Zinelabidine Benaïssa, Edition Enöya.