Ramener trois points du Malawi, c’était l’essentiel et l’objectif premier. Mais la manière avec laquelle cette victoire a été obtenue inquiète à moins de deux mois de la coupe d’Afrique.
L’équipe de Tunisie a ramené de Lilongwé les trois points d’un succès précieux sur le Malawi, mais sans laisser une fantastique impression. «Ça n’a pas été volé comme victoire», a déclaré Aissa Laidouni. Sans ajouter qu’elle n’a pas été facile ni bien négociée. Un but à zéro inscrit sur penalty à deux minutes de la fin résume toutes les difficultés éprouvées par l’équipe de Jalel Kadri pour obtenir ce résultat qui nous maintient à la tête du Groupe H après deux matches en compagnie de la Guinée équatoriale mais avec une meilleure différence de buts (+5 contre +2). Le Malawi (123e mondial) n’aurait pas dû normalement constituer un écueil aussi dur à surmonter par la Tunisie (32e). Il a manqué un ingrédient important à cette équipe pour nous barrer le chemin de cette victoire à l’arraché : relever le défi athlétique jusqu’au bout et ne pas fléchir en seconde mi-temps. L’effectif du sélectionneur Patrick Mabedi est composé, à une exception près, de joueurs locaux sans grosse maturité tactique et sans grande expérience dans les rendez-vous de football de haut niveau. L’Egypte a infligé un cinglant 4 à 0 à John Banda et ses partenaires en éliminatoires de la Coupe d’Afrique dans ce même stade où les Aigles de Carthage ont obtenu ce succès à la sueur du front et après tant de sueurs froides par 1 à 0.
Choix controversés
On peut être, certes, satisfaits du résultat sans être fiers de la manière. À l’aube de la CAN ivoirienne, on ne peut, malgré la victoire, qu’avoir des interrogations, voire des doutes. Ce n’est pas avec ce genre de prestation qu’on peut avoir de gros espoirs et viser haut en Côte- d’Ivoire en janvier et février prochains. Ni avec un sélectionneur au management aussi conservateur. Jalel Kadri a confirmé contre le Malawi qu’il n’a pas un projet clair dans les mains et dans la tête pour donner une identité de jeu au groupe. Ce sont toujours les mêmes qui commencent la partie quel que soit l’enjeu et quel que soit l’objectif. Pourtant, dans ces mêmes colonnes de lundi et de mardi, nous avons souligné, après le décryptage du match contre São Tomé-et-Principe, que la «solution pour plus d’atouts et d’arguments offensifs contre le Malawi était Firas Belarbi comme milieu créateur positionné en 9,5 pour créer la profondeur et les percées par l’axe de l’arrière-garde adverse et Saifallah Ltaief comme ailier de percussion pour étirer au maximum le bloc défensif du Malawi et le pousser à la faute dans la zone fatidique des 16,50 m. «Jalel Kadri n’a pas osé faire ce choix raisonnable et logique pour ne pas écarter (même pour un match) Aissa Laidouni et pour ne pas frustrer davantage Ferjani Sassi en le laissant pour la deuxième fois sur le banc des suppléants.
Ltaief, le sauveur
C’est seulement quand il a senti qu’il a joué avec le feu, que la victoire risquait de lui échapper et que le temps jouait contre lui que Jalel Kadri s’est décidé ou précisément a été enclin à faire les deux changements qui s’imposaient. On a assisté alors à un quart d’heure de feu qui nous a fait oublier 75 minutes de jeu à l’économie et brouillon. Jalel Kadri peut remercier Saifallah Ltaief de l’avoir sauvé sur le fil d’un nul qui aurait été une amère déception et un fâcheux passage à côté de la plaque. Une belle percée et un joli crochet en pleine surface de cet attaquant, qui a donné de la fraîcheur et de la vitesse à une ligne d’attaque paralysée jusque-là, ont été récompensés par un penalty indiscutable et tellement évident sur lequel l’arbitre togolais, M. Gnama, ne pouvait pas, cette fois, fermer les yeux… Le sélectionneur national est sans doute heureux de ce résultat qui lui offre la chance de rester, a priori, à son poste pour la Coupe d’Afrique. S’il ne saisit pas cette perche pour prouver qu’il a la carrure pour entraîner l’équipe de Tunisie, s’il ne revoie pas sa copie, s’il ne se remet pas en question pour réaliser une CAN exceptionnelle, il ne trouvera plus personne pour le défendre ou lui trouver cette fois la moindre circonstance atténuante.