Accueil Economie Mohamed Salah Azaza, professeur à l’Instm et coordinateur du projet «Patiner» à La Presse : «Les investisseurs s’intéressent au système multi-trophique»

Mohamed Salah Azaza, professeur à l’Instm et coordinateur du projet «Patiner» à La Presse : «Les investisseurs s’intéressent au système multi-trophique»

 

Le projet « Patiner » vise à développer la culture marine et à renforcer la durabilité environnementale, économique et sociale de l’aquaculture en Tunisie. Cofinancé par l’Union européenne à hauteur de 1,2 million d’euros, ce projet s’inscrit dans le cadre de la coopération transfrontalière Tunisie-Italie. Il a permis de recueillir des données scientifiques relatives au système multi-trophique dans l’espace marin qui peuvent servir de base pour de futurs projets aquacoles. Mohamed Salah Azaza, coordinateur de «Patiner» et professeur à l’Institut national des sciences et technologies de la mer, nous donne de plus amples informations.

Quelles sont les composantes du projet ? Comment va-t-il aider à développer davantage l’aquaculture en Tunisie ?

Le projet Patiner consiste à intégrer, dans le cadre de l’aquaculture conventionnelle mono-spécifique, d’autres organismes aquatiques d’intérêt aquacole, en l’occurrence les coquillages et les algues qu’on ajoute au système d’élevage.

Ces derniers utilisent les rejets aquacoles pour épurer et réduire l’impact potentiel de l’aquaculture sur l’environnement. De plus, ces espèces présentent un intérêt économique et nutritif important en contribuant à l’augmentation de la rentabilité des fermes aquacoles tunisiennes. L’une des principales composantes du projet était la mise en place d’une unité pilote d’expérimentation et de formation qui a servi à collecter des données pour évaluer l’importance de ce système multi-trophique, surtout sur les plans économique et environnemental.

Cette unité a été installée dans une ferme aquacole en production, basée à Teboulba. On a voulu réaliser ce projet pliote dans les conditions réelles de production pour que les résultats soient fiables et permettent par la suite d’extrapoler les données. L’objectif est de dupliquer cette expérience dans plusieurs fermes aquacoles. D’ailleurs, beaucoup d’investisseurs ont manifesté leur intérêt pour ce système multi-trophique.

Y aura-t-il une suite à ce projet?

C’est vrai que le projet vient d’être clôturé, officiellement. Mais on s’engage à le poursuivre, et ce, pour valoriser ses acquis et avoir plus de données et d’informations, mais aussi pour maîtriser davantage les techniques déployées pour ce système.

Il faut noter qu’en Méditerranée, deux projets d’installation de systèmes multi-trophiques, uniquement, ont été mis en œuvre. «Patiner» est le premier projet à être appliqué dans la rive sud. Je pense qu’il faut beaucoup de temps, d’informations et de travaux pour bien maîtriser les différentes composantes et surtout mieux comprendre l’interaction entre les différents maillons de la chaîne trophique de ce système.

Quels sont les principaux résultats scientifiques tirés de ce projet?

On a collecté un nombre assez important de données intéressantes sur la croissance des nouvelles espèces qui ont été intégrées. Nous sommes en train de suivre l’amélioration de l’environnement. On s’est également intéressé à l’optimisation de la répartition spatiale entre les deux activités aquaculture et pêche, étant donné qu’il y a des conflits pouvant affecter l’image et l’acceptabilité sociale de cette activité, qui est stratégique pour la Tunisie. On a conçu des cartes de répartition aquacole les plus propices en tenant compte des différents usagers de l’espace marin. Nos résultats vont certainement améliorer la gestion de l’activité aquacole et réduire énormément le conflit qui existe entre les pêcheurs et les aquaculteurs. Il faut une cohabitation entre ces activités dans l’environnement de production et dans l’espace marin.

Est-ce qu’il y a des résultats qui quantifient l’apport de ce projet ?

Cette modélisation est en cours de réalisation. Vous savez que chaque site présente ses spécificités environnementales et techniques. Il faut également achever des cycles de production, confirmer et faire des ajustements parce qu’on est parti presque de zéro. Et on n’a pas pu simuler le modèle qui existe. J’espère que dans les années à venir, les travaux se poursuivront. On va essayer de bien maîtriser ce système et de proposer aux fermes aquacoles ainsi qu’aux promoteurs privés des modèles standard qui peuvent réellement avoir un impact sur le développement de l’aquaculture résiliente, innovante et respectueuse de l’environnement. Notre objectif est d’investir dans l’environnement, la qualité et l’image du produit. Parce que c’est la valeur du produit qui compte au niveau des marchés nationaux et internationaux.

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