Les défaites de l’EST et de l’ESS en Ligue des champions perçues comme étant deux surprises pour les uns, comme infondées pour les autres, sont-elles pour autant inattendues ? L’une des plus criardes tares de notre football, c’est que l’on persiste à vouloir vivre dans un incroyable déni. Celui de sous-estimer l’adversaire et de croire que nous sommes plus forts et plus solides que les autres clubs et sélections en Afrique? Cette fausse idée, qui tourne en un préjugé (infondé d’ailleurs ), vit en nous depuis 1978 comme si d’autres pays ne se sont pas qualifiés au Mondial et ont passé le cap du premier tour (chose qu’on n’a pas accomplie), et comme si les clubs en Afrique n’ont pas gagné des Ligues des champions et joué des Mondiaux de clubs. Et toujours avec ce préjugé et cette analyse anachronique (on veut comprendre le foot d’aujourd’hui avec la lecture et les outils des années 70 et 80 !), on a toujours cette fâcheuse tendance à minimiser le mérite des autres.
Pour la Ligue des champions justement, Al Hilal et Petro de Luanda étaient plus forts que l’EST et l’ESS, ils n’ont pas volé leurs trois points. Pourquoi en faire une polémique? Pourquoi crier au scandale et ne pas admettre qu’on n’était pas dans un grand jour et que le football, c’est gagner et perdre?
On passe beaucoup de temps depuis des années à vivre dans une bulle, une sorte de tour d’ivoire qui cache les insuffisances de notre football. Cela fait des années que maints pays africains avancent et modernisent leurs infrastructures sportives. Ils ont découvert des talents, ont amélioré leurs finances et sont devenus de rudes acteurs. Les Simba, Petro de Luanda, Sundowns, Barkane et d’autres clubs ont progressé et joué d’égal à égal avec les meilleurs. La même chose pour les sélections. Alors que nous sommes encore en mode Coupe du monde de l’Argentine 1978 et la CAN 2004. On n’accepte pas de perdre, et pire on cherche toujours des excuses (fausses), des circonstances atténuantes. Tout cela avec un sentiment hautain de fausse supériorité en Afrique. En réalité, nos joueurs et nos entraîneurs et, bien sûr, nos dirigeants et arbitres ne font que tomber si bas. Nos meilleurs joueurs ne sont même pas capables d’être sur le banc d’un grand club européen. Alors un peu d’humilité et qu’on cesse de vivre encore dans les gloires du passé !