La campagne électorale progresse, mais très lentement, nous déclare un candidat. Trop de paperasses pour ouvrir le compte bancaire ou postal, pour préparer les affiches électorales alors que le temps presse.
Fixé par l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) au dimanche 24 décembre dans 2.155 circonscriptions électorales, le démarrage de la campagne électorale est passé presque inaperçu. C’était prévisible. Quelques jours auparavant, le président de l’Isie, Farouk Bouasker a été bien clair et nous a donné un avant-goût de cette campagne, en déclarant qu’il n’y aura pas de grandes campagnes dans les médias ni de financements non plus. Pour des élections particulières, il faudra une campagne particulière qui se déroulera dans les secteurs territoriaux (imadas), où les candidats sont en contact direct avec leurs électeurs.
Du porte-à-porte électoral
Comme l’avait annoncé le président de l’Isie, «les candidats devront compter sur le soutien des habitants de leurs «imadas», en l’absence des financements massifs. En effet, les candidats doivent user de leurs propres ressources pour financer leurs campagnes, nous indiquent des candidats qui se représentent dans les six «imadats» à Carthage, banlieue nord de Tunis. Si le modus operandi est simple, le résultat n’est pas garanti pour autant, nous expliquent-ils. La démarche consiste à faire du porte-à-porte pour recueillir un nombre suffisant de voix. Pour ce faire, il faut tout d’abord informer le citoyen sur la nature du programme et les objectifs fixés et le convaincre de voter.
Cette démarche électorale inédite repose en grande partie sur la popularité du candidat, d’autant que le candidat est appelé à user de ses propres ressources pour financer sa campagne, en puisant dans des fonds provenant de la famille, de ses amis, sous certaines conditions. En effet, il est interdit de dépasser les 4/5èmes du plafond global des dépenses qui dépend lui-même du nombre d’électeurs par circonscription. A ce propos, certains candidats n’ont pas manqué de manifester leur mécontentement sur ce qu’ils ont qualifié de « restrictions financières» imposées dans le cadre de cette campagne.
Pour rappel, le porte-parole de l’Isie, Mohamed Tlili Mansri, avait dévoilé que le plafonnement des dépenses électorales dépend du nombre d’électeurs par circonscription. Le Centre de contrôle de la campagne électorale ne laissera rien filer comme l’avait annoncé Farouk Bouasker. Ce dernier a mis en avant «le rôle crucial confié à cette structure de contrôle composée de plusieurs unités de monitoring et dotées de technologies de pointe, facilitant aux agents le contrôle, à toute heure, des activités des candidats qui ont été couvertes par les médias, tous supports confondus».
Plaintes et craintes des candidats
C’est une campagne de proximité, suivie de très près par l’isie, qui ne laissera rien échapper, commente un autre candidat pour ces élections dans la banlieue nord. «Il faut signaler qu’en dépit de la journée de formation à laquelle on a pris part sous l’égide de l’Isie, certains candidats ne parviennent pas encore à saisir l’importance de ces élections, ni comment mener à bien leurs campagnes» , ajoute-t-il.
La campagne électorale progresse mais très lentement, nous déclare un candidat du Kram (Banlieue nord de Tunis). Trop de paperasses pour ouvrir le compte bancaire ou postal, pour préparer les affiches électorales alors que le temps presse. «Ceci sans compter qu’on doit rapporter à l’Isie nos déplacements détaillés, dans le cadre d’un cahier de campagne». Toutefois, ce qui est encore plus alarmant, c’est le faible taux de mise à jour des listes des inscrits au registre électoral, du moins dans la région du Kram, malgré la grande mobilisation des agents permanents et mobiles pour assurer le bon déroulement de l’opération. Ceci est de nature à impacter considérablement le taux de participation. «Il y a des habitants de cette région qui ne sont pas encore au courant de ces élections et d’autres qui n’ont pas compris la nature de ce scrutin et c’est très grave», nous souligne le même candidat.
L’opposition tente d’en minimiser l’importance
Des craintes légitimes certes, il faut dire, cependant, que c’est la première fois que de pareilles élections se tiennent dans le pays. Certaines parties, notamment de l’opposition, tentent de minimiser l’importance de ce scrutin et évitent, étrangement, de parler du fiasco des conseils municipaux issus des élections municipales de 2018, marquées par un faible taux de participation, en raison de la situation sociopolitique et du désenchantement ambiant. On se rappelle tous la vague générale de démissions au sein de ces conseils, en raison de leur politisation. Il semble que certains ont la mémoire courte.
Et pourtant, ce nouveau mode d’élection des conseils locaux est susceptible de consolider la gouvernance locale. En effet, les activités de ces conseils portent sur le développement économique local, social, culturel et éducatif dans la circonscription de la région. Notons que le Conseil local est invité également à participer à l’élaboration du plan de développement régional de circonscription. C’est donc un nouveau mode de gouvernance qui sera finalisé d’ici l’année prochaine, puisque les membres du conseil locaux formeront le Conseil national des districts et des régions qui sera mis en place avant le mois d’avril 2024, deuxième chambre parlementaire créée par la Constitution de 2022.