Après la lourde défaite devant Al Hilal à Dar es Salam, les «Sang et Or» étaient dans l’incapacité, samedi soir, d’imposer le moindre rythme de jeu à leurs hôtes angolais. Et même quand une occasion en or s’est présentée pour scorer, Yan Sasse l’a lamentablement ratée.
Il y a une réalité que les supporters tunisiens refusent d’admettre, ceux de l’Espérance en particulier, c’est que le football africain a énormément progressé ces dix dernières années. Une décennie durant laquelle le football tunisien est resté immobile, se laissant dépasser à tous les niveaux, structures et infrastructures sportives notamment.
Quant au championnat tunisien, il n’est plus ce qu’il était. Ce n’est plus un tremplin pour les joueurs africains en vue de taper dans l’œil d’un club européen. Du coup, nos clubs trouvent de plus en plus de difficultés dans les compétitions africaines. L’Espérance de Tunis n’est pas en reste. Depuis son dernier titre remporté en 2019, l’équipe cravache dur chaque saison en Champions League. A chaque fois, on jette la responsabilité sur l’entraîneur et les joueurs.
Aujourd’hui, Tarek Thabet et ses joueurs en font les frais. Ils sont sous les feux des critiques, particulièrement depuis samedi soir, après avoir été tenus en échec par les Angolais de Petro Luanda. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé. Il faut se rendre à l’évidence : Petro Luanda a su imposer sa propre loi. Un match nul lui suffisait pour rester en pôle position. Pourquoi donc prendre le risque de se blesser sur une pelouse bosselée et, de surcroît, trempée.
Les Angolais ont su tirer les ficelles…
La force de Petro Luanda n’a pas résidé dans sa dangerosité, mais dans sa capacité à imposer son propre rythme à leur hôte espérantiste. En opérant par un marquage individuel et grâce à leur condition athlétique nettement supérieure à celle des camarades de Yassine Meriah, les joueurs de Petro ont réussi à tuer dans l’œuf les quelques tentatives créées. Et si l’attaque espérantiste a manqué terriblement de percussion, c’est que le marquage individuel était si bien réussi que les hommes de Tarek Thabet ont eu un mal fou à sortir la balle de leur zone et à la dérouler jusqu’à la surface de réparation adverse. Il fallait donc faire preuve d’imagination et varier le jeu, en tentant des ouvertures sur les couloirs, mais, à chaque fois Ben Ali et Ben Hamida ont vu leurs courses stoppées par les joueurs de Petro sobres et attentifs dans les interceptions.
L’occasion qu’il ne fallait pas rater !
L’occasion de Yan Sasse à la 49’, servi sur un plateau par Ghacha, n’aurait pas dû être gâchée. Sauf que, contrairement à ses habitudes, le Brésilien était lent dans le contrôle, laissant le temps au portier de Petro de se replacer et d’intercepter le ballon. C’est que les défenseurs, pris au dépourvu au départ, ont eu, eux aussi, le temps de se replacer, ce qui a réduit considérablement le champ de tir du Brésilien.
A l’occasion en or ratée par Sasse, s’ajoutait la méforme de Rodrigues, l’ombre de lui-même durant l’heure de jeu qu’il a disputée. Son remplaçant, Sowe, s’est démené comme il le pouvait. La partie a été, cette fois-ci, trop forte pour lui. A la conférence de presse d’après-match, Tarek Thabet s’est montré réaliste et a tenu à défendre ses joueurs : «Il faut savoir que c’est une nouvelle équipe que nous construisons. Sans oublier aussi que l’effectif est composé de jeunes joueurs. Il suffit de jeter un œil sur le compartiment de l’entrejeu, la moyenne d’âge est de 20 ans», a-t-il déclaré avant d’ajouter : «Quand on a une équipe nouvellement bâtie, il faut savoir donner du temps au temps. Nous avons confiance en l’ensemble des joueurs. Ils progresseront avec le temps. Il nous faut du temps pour être plus flexibles.
Quand on voit comment l’adversaire se place et se replace sur le terrain, il faut savoir que c’est le fruit de trois ans de stabilité. Nous sommes en train de progresser, oui, mais notre objectif demeure toujours la consécration en Champions League».
Donner du temps au temps afin de laisser l’entraîneur travailler sur la durée pour construire et peaufiner l’équipe, c’est ce qui a manqué justement à l’Espérance ces quatre dernières années.