En début de saison des récoltes d’olives, l’Utica a relancé un appel en faveur de la libéralisation des exportations d’huile d’olive destinées au marché européen faisant écho à celui de juillet dernier.
Pour cela, le syndicat patronal demande la révision du quota (volume) annuel d’exportation de l’huile d’olive vers l’Union européenne (UE). Cette demande s’aligne avec les politiques de libre-échange préconisées par l’UE, notamment concernant l’huile d’olive, mais ne remet pas en cause les modalités d’exportation, sources de grandes pertes de revenus pour la Tunisie.
Dans sa note de recherche “Evaluation de l’impact des politiques tunisiennes et européennes sur les exportations de l’HO tunisienne vers l’UE “, l’Observatoire tunisien de l’économie a démontré qu’en dépit d’une politique tunisienne propice à l’exportation d’HO, son efficacité reste tributaire de la production d’HO européenne. En effet, cette politique d’exportation de l’HO vers l’UE est régie par un régime protectionniste en faveur des producteurs du marché européen».
Perte de revenus en devises
Ainsi, les exportations tunisiennes sont destinées à compenser les fluctuations de la production européenne et ne répondent pas aux besoins d’exportation du marché tunisien.
D’autre part, la majorité des exportations tunisiennes d’HO se fait en vrac, à des coûts bas. Ces exportations à faible valeur ajoutée engendrent une importante perte de revenus en devises. Ainsi en 2022, les exportations avaient atteint 208.000 tonnes, dont 87% en vrac et seulement 13% conditionnées. Ces produits ont été principalement exportés vers l’Europe (66% en 2022), où ils subissent un reconditionnement avant d’être revendus à des prix bien plus élevés.
De même avec une production axée sur l’exportation, une faible proportion d’HO est gardée pour le marché local. Ceci impacte de plus en plus le prix local d’HO et le pouvoir d’achat du consommateur tunisien.
Ceci a également un effet négatif sur les conditions de santé des populations de par un régime alimentaire contenant moins d’HO. En effet, la consommation tunisienne de ce produit alimentaire a été divisée par deux en 20 ans. Elle représente l’un des niveaux les plus bas de la région Méditerranée, selon une étude du TNI (Transnational Institute (TNI), un institut de recherche spécialisé dans les questions de la mondialisation).
Pour conclure, la politique de libéralisation des échanges de produits agricoles et en particulier l’HO montre un rapport déséquilibré qui privilégie les intérêts du marché européen au détriment des intérêts tunisiens.
L’intérêt économique de la Tunisie réside dans une approche stratégique axée sur la diversification des marchés internationaux et l’optimisation de la chaîne de valeur (incluant le renforcement des exportations reconditionnées). Il est également crucial de mettre en place des politiques intégrant des mesures protectionnistes en faveur de ses producteurs, tout en alignant ces initiatives sur les intérêts de la souveraineté alimentaire du pays.
(Source : OTE)