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Chroniques de la Byrsa: Journalisme et publicité

«Un monde sans publicité est un monde sans visage, sans yeux, sans bouche, sans nez, sans oreilles, sans couleurs, sans sons, sans goût. En résumé, sans sens ». C’est, rapporté dans une version très libre, la teneur d’une publicité… pour la Publicité ressassée dans les salles obscures du dernier tiers du siècle dernier. On était alors dans la phase triomphalement ascendante de la société de consommation. Des cascades de spots étaient déversées sur le pauvre spectateur venu dans les salles de cinéma pour autre chose. Les messages se bousculaient pour le convaincre que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue — ou alors dans quelles conditions ! — sans tel ou tel produit.

Ces messages rivalisaient de trouvailles pour retenir l’attention du consommateur. Certains étaient de haute facture, d’autres nettement triviaux ; mais les stratégies de la communication n’ont cessé de s’affiner jusqu’à atteindre la quasi-perfection. Certains ont même affirmé que des messages à caractère économique aussi bien que politique pouvaient être transmis à travers des techniques de « persuasion clandestine » qui excluraient les formes d’expression audiovisuelle classiques pour s’inscrire dans les registres de l’« ultra » ou de l’« infra », imperceptibles par les sens ordinaires mais qu’enregistrerait tout de même le cerveau. En plein dans le monde du Docteur Mabuse (référence à l’adresse des plus vieux…)

Jouer sur l’« autorité » de l’annonceur pour habiller le message d’une certaine « crédibilité »

On peut être pour ou contre la publicité. Celle débridée ou celle domestiquée. Mais il est dans ce domaine des règles généralement admises, respectées par tout le monde et même inscrites dans des chartes. En particulier dans le Code de déontologie des journalistes qui interdit à la profession de se prêter à cette pratique. Or nous constatons que, malgré l’engagement (théorique, il est vrai puisque figurant seulement en tout petits caractères au dos de la carte d’adhérent au syndicat des journalistes tunisiens mais jamais solennellement prononcé), certains journalistes professionnels s’y livrent sans complexe. Les clients cherchent en effet à jouer sur l’« autorité » de l’annonceur pour revêtir leur message d’une certaine « crédibilité » auprès du public même dans des spots en « off », le timbre de la voix de l’annonceur étant parfaitement reconnaissable et son impact pour ainsi dire assuré. Cette manœuvre est contraire à l’éthique de la profession. Pour tout dire, elle est amorale.

L’entorse est aggravée lorsque les annonces interviennent dans l’audiovisuel en direct, dans la foulée de développements de tout autre nature et qui retiennent l’attention du public. Même lorsqu’elles sont accompagnées de la mention « message publicitaire ».

La publicité peut être une bonne chose, voire utile et même indispensable. Elle doit cependant se pratiquer dans les limites de la transparence et du respect de l’intelligence de tout un chacun.

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