Bien entendu, la loi stipule clairement que ce marché parallèle est interdit. Mais, en réalité, il est organisé en points de vente avec des réseaux d’approvisionnement régulier.
Dans toutes les villes, nous avons l’habitude de voir les trottoirs occupés par des étals de fruits, de légumes et autres produits d’usage domestique. Selon la loi, toute exposition de marchandise doit faire l’objet d’une autorisation préalable et les articles vendus sont soumis à un contrôle régulier.
Dans tous les quartiers
A Kasserine, les points de vente du carburant de contrebande font désormais partie du paysage quotidien. En effet, le trafic prend forme à partir des villages situés à la frontière algérienne pour se développer dans tous les quartiers, en choisissant des emplacements stratégiques. En face des cafés les plus fréquentés, à côté du bureau de la poste, près de la mairie et dans les ronds-points, ce commerce, qui était autrefois restreint dans des espaces vides, est désormais disséminé dans toute la ville. Les bidons rangés sur les trottoirs indiquent le service proposé.
Des dépôts bien visibles au bord des routes alimentent le marché de manière continue. A la fois lieux de revente au détail, mais aussi à des semi-grossistes, ils attirent une large clientèle dont la demande doit être satisfaite. Desservi au plus près des consommateurs qui peuvent facilement s’en approvisionner, le carburant de la contrebande est souvent de mauvaise qualité ou coupé d’un autre liquide. Les clients sont bien conscients du risque. Un autre aspect est la vente entre particuliers. Ce sont généralement des chefs de famille qui cherchent à arrondir leurs fins de mois et font cette activité à domicile.
Au grand jour !
La prospérité de ces produits peut être expliquée par la détérioration du pouvoir d’achat et la banalisation de cette pratique qui n’est plus perçue comme une activité criminelle. Bien entendu, la loi stipule clairement que ce marché parallèle est interdit. Mais, en réalité, il est organisé en points de vente avec des réseaux d’approvisionnement régulier. Ce trafic informel sévit partout, devenant beaucoup plus présent. Il ne fonctionne pas à l’insu des autorités, puisqu’il se situe sur leur zone d’intervention. Des incendies ont ravagé à plusieurs reprises des bases de stockage, situées dans des zones d’habitation. Il s’agit donc d’un facteur d’insécurité publique.
Même si plusieurs réseaux de trafic transfrontalier illicite de carburant ont été démantelés, ces opérations sont loin d’être suffisantes pour lutter efficacement contre ce phénomène. Le ravitaillement des points de vente continue et ces lieux sont toujours incrustés dans le paysage urbain. Il faut souligner que ce n’est qu’un élément visible d’un trafic plus profond allant jusqu’aux drogues et aux armes.
L’exposition et la vente du carburant sur les trottoirs sont donc une réalité incontournable à Kasserine, où la contrebande est une pratique courante, ancrée dans les habitudes de la région.
C’est le devant de la scène de l’activité des réseaux criminels implantés à nos frontières et qui menacent la sécurité nationale et l’économie par divers autres produits.