Accueil A la une «La Palestine, al asl wa essoura» de Lotfi Bahri : Nous, l’autre… l’être et son double 

«La Palestine, al asl wa essoura» de Lotfi Bahri : Nous, l’autre… l’être et son double 

 

L’image de la Palestine et du Palestinien dans le cinéma hollywoodien est la thématique que Lotfi Bahri a choisie comme fil conducteur pour son film. Un film construit en quelques semaines à partir d’interviews nouvelles et anciennes, d’images tournées en Palestine durant ses précédents voyages, un montage d’images d’extraits de films américains et d’images d’archives.

Jeudi soir, à la salle Omar Khlifi de la cité de la culture, le journaliste et producteur d’émissions télévisées Lotfi Bahri a présenté, en avant-première, son film documentaire intitulé “La Palestine, Al Asl wa Essoura” traduisible en “L’origine et l’image“.

Ce documentaire est, pour son réalisateur, un élan du cœur pour la cause palestinienne, un soutien inconditionnel pour ce peuple frère victime de génocide et un cri de dénonciation pour toute forme de diabolisation dont la résistance palestinienne a été victime.

L’image de la Palestine et du Palestinien dans le cinéma hollywoodien est la thématique que Lotfi Bahri a choisie comme fil conducteur pour son film. Un film construit en quelques semaines à partir d’interviews nouvelles et anciennes, d’images tournées en Palestine durant ses précédents voyages, un montage d’images d’extraits de films américains et d’images d’archives. Avec une voix off forte et omniprésente, le texte domine l’image, impose la lecture et guide le spectateur dans les intentions très explicites du réalisateur.

La thématique choisie est pertinente même si les outils d’analyse et les images qui appuient cette théorie manquent au film. Le lobbying juif à Hollywood et son influence sur les productions, la position du pouvoir américain et son extension dans le cinéma, l’industrie de l’image et son rôle de propagande… Toutes ces pistes ont été évoquées en cherchant dans le large répertoire de l’industrie hollywoodienne les arguments nécessaires.

Partant du postulat suivant : depuis son avènement, le cinéma s’est présenté comme la seule et unique forme de représentation de la réalité. “Ce qui se passe dans la réalité se voit forcément au cinéma”. C’est bien l’image que se donne le spectateur moyen de ce médium. Et face au spectacle filmique qui est en soi, une expérience unique et émotionnellement forte, le spectateur se retrouve dans une posture de baisse de vigilance, capable de croire tout ce que cet écran qui le domine lui transmet comme message. C’est ainsi que, dans une certaine mesure, les films surfant sur les tendances, on y retrouve souvent dedans ce qu’on pense dehors. L’Autre, cet être étrange, est l’objet du fantasme aussi bien du réalisateur que du spectateur, et, à ce titre, on a longtemps cru à travers le cinéma américain que les Indiens étaient les méchants, et les Blancs, Européens, les gentils, que la guerre du Vietnam était une guerre juste, que la bombe atomique qui a frappé le Japon a dévasté un espace dépeuplé et que tous les Arabes, tour à tour Libyens, Afghans, Irakiens et Palestiniens sont des terroristes, selon la tendance du moment…

Si Lotfi Bahri a effleuré un sujet des plus pertinents, et en tant que professionnel de l’image, il a questionné avec les moyens dont il dispose la représentation, l’image et le point de vue, son film a un point de départ d’une plus ample recherche et surtout un premier pas pour que le monde arabe ou le cinéma arabe prenne en main sa propre image, et utilise à son tout cet art/médium extraordinaire capable par la simple magie d’un écran illuminé d’impacter les consciences et détourner les discours.

Charger plus d'articles
Charger plus par Asma DRISSI
Charger plus dans A la une

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *