Présenté dimanche matin à la librairie Al Kitab, l’ouvrage d’Elyès Jouini “Mohamed-Salah Mzali, au fil de ma vie” suivi de “Mohamed-Salah-Mzali, l’intellectuel et l’homme d’Etat” est un précieux travail de 772 pages, préfacé par Kmar Bendana et agrémenté de 110 photographies. Un ouvrage qui revient sur la personnalité et le parcours d’un grand homme d’Etat.
Grand commis de l’Etat, réformateur, caïd, plusieurs fois ministre, Grand vizir de Lamine Bey, déporté par les Français, prisonnier de Bourguiba, Mohamed-Salah Mzali (1896-1984) est un homme de pouvoir. Il est aussi le premier Tunisien à soutenir une thèse de doctorat en économie après une brillante scolarité à Sadiki et à Carnot. Historien, érudit, sauveur des archives de Khérédine Pacha, il contribuera à inscrire ce dernier dans l’historiographie nationale.
La première partie de cet ouvrage, «Au fil de ma vie», reproduit les mémoires de l’écrivain méconnu, imprégné de culture classique et plume singulière de la littérature tunisienne. Elle retrace les étapes d’un parcours d’exception, de l’enfance jusqu’à une retraite tourmentée après une fulgurante carrière. Le ton, mesuré et tranchant, est à l’image de l’homme : habile séducteur, mais réservé face aux ors du sérail et sensible aux dérives de l’hybris. S’il finit écarté des centres du nouveau pouvoir, il n’en livre pas moins un témoignage « de bonne foi » au lecteur soucieux de saisir les soubresauts d’un siècle qu’il traverse tantôt en fin politique, tantôt en promeneur méditatif.
Dans «L’intellectuel et l’homme d’Etat», en deuxième partie, Elyès Jouini poursuit le travail entamé dans le premier volet largement enrichi de notes explicatives, et nous propose une deuxième œuvre qui procède à un rare décryptage et à une mise en contexte historique de l’homme et de l’œuvre.
Il restitue fidèlement un personnage de grande envergure à l’histoire politique, sociale et culturelle de son siècle, tout en laissant entrevoir les paradoxes et les mutations d’une élite sur le point de céder la place, emportée par le flot de la décolonisation. Une riche iconographie, souvent inédite, offre un nouvel éclairage dans ce livre coédité par Cérès éditions-Beït Al Hikma et l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC).