Kafkaïenne ou ubuesque, on hésite sur les qualificatifs, pour décrire l’inscription de notre pays sur la «liste négative» du FMI. Car quand on voit comment la Tunisie a réussi à rembourser ses dettes extérieures dans les délais impartis, quand on voit comment le pays a pu finir l’année 2023 sans recourir aux prêts et quand on voit que nos réserves en devises dépassent 120 jours d’importations, on ne peut qu’applaudir autant de prouesses qu’on pensait impossibles à réaliser. Mais quand on s’interroge sur les raisons qui ont conduit le FMI à inclure notre pays dans ce classement, la première raison qui saute aux yeux, c’est d’avoir tenu tête à ce bras financier des institutions de Bretton Woods. On savait que le report d’une visite d’une délégation du FMI en Tunisie sur demande des autorités tunisiennes allait déplaire aux économistes de l’institution monétaire. Que l’indépendance de la décision tunisienne et le recouvrement des attributs de la souveraineté financière du pays dérangent énormément le FMI. Mais de là à classer injustement un pays qui cherche à compter sur ses propres ressources et sur un apport financier non conditionné de ses amis, cela ne peut procéder que d’une volonté de dissimulation des vraies raisons qui ont poussé le FMI à agir de la sorte. C’est ce refus opposé à l’ingérence sous motif de «retard dans la conclusion des consultations avec le FMI» qui a donné suite à une procédure purement administrative avec en filigrane une riposte vindicative dont l’objectif serait de dissuader les pays frères et amis à venir à la rescousse de la Tunisie. Au grand dam du FMI, nos amis n’accorderont qu’une attention distraite à une manœuvre dont l’objectif final est la destruction massive des classes moyennes et vulnérables par la levée de la compensation sur les aliments de base pour ouvrir larges les voies à l’obsession du profit, à la cupidité illimitée des oligarchies prédatrices où seul le profit l’emporte sur tout autre considération. Ce classement ne sera qu’un coup d’épée dans l’eau puisque notre pays saura se défaire de la désespérance qui le taraude, du défaitisme qui le guette et parviendra à échapper à l’ouragan. Car, n’en déplaise à ceux qui prophétisent un lent déclin pour notre pays et lui espèrent une descente aux enfers, la Tunisie a toujours su rebondir, même après les plus difficiles périodes de son histoire.