L’affaire de la dépouille décomposée de l’étudiant africain n’a pas révélé tous ses secrets
Le substitut du Procureur de la République et porte-parole officiel près le Tribunal de première instance de l’Ariana, Nizar Laâouej, a indiqué dans une déclaration accordée à La Presse, hier, lundi 15 janvier 2024, que les investigations et les auditions se poursuivent et sont assurées par le juge d’instruction. Nous parlons de l’affaire de la dépouille décomposée d’un jeune Africain découverte à l’hôpital Abderrahmane Mami à l’Ariana.
Et d’ajouter que suite aux expertises techniques et à l’interrogatoire du directeur de l’hôpital et du propriétaire de la société chargée de l’enterrement, deux mandats de dépôt ont été émis à leur encontre. Outre une interdiction de voyage a été signifiée à une femme médecin et un agent administratif en relation avec le dossier. Les interrogatoires des autres mis en cause, au nombre six, dans l’affaire ont été reportées.
A rappeler que l’affaire a démarré avec les investigations menées par les agents de la Brigade de la Police judiciaire de l’Ariana, après commission rogatoire délivrée par le ministère public près le Tribunal de l’Ariana, en date du 11 janvier 2024. Un jeune Ivoirien étudiant en ingénierie a été victime d’un malaise qui a affecté sa respiration.
Transféré à l’hôpital Abderrahmane Mami de l’Ariana où il décède, 24 heures après son admission, ce qui a nécessité une décision de conserver la dépouille à la morgue du même hôpital.
Or, cinq jours après et suite à la prolifération d’odeurs nauséabondes, il s’est avéré, qu’elles ont pour origine le corps du jeune en question, resté hors de la morgue à cause d’une présumée négligence.
En effet, les investigations menées ont fait ressortir qu’une société spécialisée dans l’inhumation a été contactée pour procéder à l’enterrement de la dépouille dans un cimetière de la place, mais d’une manière clandestine en contrepartie d’une somme payée par chèque bancaire. Sauf que le propriétaire de la société s’est adressé, après avoir reçu le chèque, à l’ambassade de la Côte d’Ivoire pour l’informer de l’affaire dans le but de recevoir un autre paiement. Les unités de sécurité ont été informées et les enquêtes ont été lancées.
Entretemps, le corps de la victime a été transféré aux services de médecine légale de l’hôpital Charles Nicolle pour autopsie, puis il a été décidé ultérieurement de le rapatrier dans son pays d’origine pour être enterré.
De son côté, Hassan Mezni, secrétaire général de la Fédération syndicale de la santé, a déclaré à La Presse, hier, que le directeur général de l’hôpital Abderrahmane Mami s’est retrouvé en prison, parce qu’il a tenté de dissimuler une affaire qui n’a pas été traitée conformément aux règlements en vigueur.
Le même responsable de la Fédération a précisé que plusieurs raisons ont fait que la dépouille reste dehors, en premier lieu, l’absence de maintenance de la morgue qui souffre de plusieurs déficiences techniques. Toujours est-il que des décisions ont été prises à l’encontre des responsables concernés et qu’une enquête administrative a été ouverte.
Hassan Mezni a appelé le ministère de la Santé à « sauver ce qui peut l’être et à consacrer un budget pour la restauration et la préservation des morgues, en général, et celle de l’hôpital Mami en particulier, car la situation est catastrophique, voire extrêmement dangereuse, et ce afin d’éviter que de telles affaires se reproduisent.
Moufida Chargui
Traduit par Noureddine Hlaoui