Jalel Kadri et ses hommes sont devant une belle opportunité qu’ils ne doivent pas louper face à la Namibie pour faire une bonne entrée en matière dans la CAN
La 21e participation de l’équipe de Tunisie à une phase finale de la Coupe d’Afrique des nations est une étape marquante de l’histoire du football tunisien. Les Aigles de Carthage ont de très bons atouts pour aller loin dans cette aventure ivoirienne et des chances réelles de coiffer au poteau les favoris présumés et de monter sur le podium en vainqueurs du précieux trophée. Avec toute une nation sur le dos, ils doivent donc entamer cette CAN avec un bon capital confiance et avec un état d’esprit adéquat. Non pas un profil d’«outsider» dont l’ambition se limite au meilleur des cas à une qualification en demi-finale (l’objectif fixé et avoué), mais un profil de conquérant qui convoite le sacre africain. Pour réussir ce beau challenge, il va falloir d’abord passer le premier obstacle et obtenir l’un des deux billets de son groupe pour les huitièmes. Les deux concurrents directs les plus sérieux et les plus redoutables pour la première et la deuxième place de notre team national sont le Mali et l’Afrique du Sud. Le sélectionneur Jalel Kadri peut s’estimer heureux que le tirage au sort lui a donné un match moins compliqué pour commencer. Car, dans cette phase de groupes, le premier match de la Tunisie conditionnera les deux autres, celui contre le Mali le 20 janvier et l’Afrique du Sud le 24. Et il n’y a pas de meilleur tremplin pour une bonne suite de parcours des Aigles que les trois premiers points. Avec le score le plus large possible pour avoir une meilleure différence de buts en prévision d’un éventuel recours à ce critère pour les départager en cas d’égalité de points obtenus avec l’un ou l’autre des deux autres concurrents. Mais atteindre cet objectif ne sera pas une tâche facile. Les deux premières journées de cette Coupe d’Afrique, avec toutes les peines du monde éprouvées par le Nigeria pour faire match nul avec la Guinée Équatoriale (1 à 1) et par l’Égypte pour arracher un partage des points heureux à la 97e minute de jeu au Mozambique (2 à 2 ) et l’énorme surprise créée par le Cap-Vert qui a battu le Ghana (2 à 1), ont confirmé qu’on peut perdre les pédales en sous-estimant un adversaire supposé faible. Jalel Kadri est donc bien averti du danger que pourrait constituer la Namibie et du devoir de bien cogiter et de bien gérer tactiquement ce match-clé.
La bonne approche
Dans un match où les duels d’homme à homme seront, à n’en pas douter, très serrés, et où les contacts entre joueurs très appuyés et les espaces très réduits, l’idéal serait de trouver rapidement les solutions pour une ouverture rapide du score qui ferait sortir l’adversaire de sa zone dans le but d’essayer de remettre les pendules à l’heure. Et d’en profiter pour accentuer l’avantage, tuer le match et se mettre définitivement à l’abri, car l’avance par un but même marqué en début de rencontre, n’est jamais sécurisante face à des équipes qui ont des ressources physiques énormes et un mental des plus solides pour revenir dans le match et même renverser la tendance comme l’ont fait les Mozambicains devant les Pharaons égyptiens avant de ne concéder le nul qu’au tout dernier moment sur penalty de Mohamed Salah. Comment s’y prendre pour commencer la CAN avec un scénario idéal ? Jalel Kadri n’a pas à mettre trop en ébullition son cerveau pour trouver la bonne stratégie de jeu et faire bien démarrer la machine des Aigles. Le match amical contre le Cap-Vert gagné par 2 buts à 0 est un match-référence pour ce genre de mission.
Les correctifs apportés à la formation alignée et au schéma de jeu adopté contre la Mauritanie ont donné leurs fruits et lui ont indiqué la meilleure approche d’une rencontre à dominer et à remporter. L’option dans une défense à quatre avec Ali Mâaloul comme latéral gauche a permis de ne pas axer les montées sur le seul Wajdi Kechrida sur le côté droit. Deux bons latéraux qui possèdent le même tempérament offensif, c’est un équilibre important dans le dispositif pour varier le jeu sur les deux flancs. Le deuxième point majeur de Jalel Kadri, c’est ce meilleur lien trouvé entre la défense et l’attaque avec la modification de la formule de jeu au milieu de terrain et le choix d’autres profils de joueurs relayeurs avec un seul demi défensif sentinelle (Elyès Skhiri) et deux milieux relayeurs qui sont de rapides relanceurs et qui ont la technique et la vitesse pour se projeter constamment vers l’avant et presser haut dans la zone de l’adversaire ( Anis Ben Slimane et Hamza Rafia). Cela a permis de mettre de l’huile entre les lignes et de placer le compartiment offensif dans une situation de confort et de ne pas le forcer à un travail de repli continu et harassant pour venir chercher le ballon. Les deux chefs de file de ce secteur, que sont Youssef Msakni et Elyès Achouri, ont été bien à l’aise techniquement pour faire valoir leurs qualités de dribleurs, de créateurs d’espaces et de finisseurs. Le seul doute concerne, pour ce match d’ouverture où il va falloir vaincre et tenter de marquer un bon nombre de buts, concerne le joueur de pointe dans cette nouvelle animation de jeu qui doit être tournée vers l’attaque. Haithem Jouini qui est puissant, véloce et pesant sur la défense adverse, mais qui n’est pas assez rapide ou Taha Yassine Khénissi qui joue bien dans les intervalles et qui a un meilleur flair du but ou Saifeddine Jaziri qui reste toujours un bon joker à utiliser et un fauve de la surface de réparation? Un premier match, c’est toujours émouvant et angoissant dans une Coupe d’Afrique même si l’adversaire est de calibre moyen. Mais l’ambiance très amicale qui règne dans les vestiaires des Aigles de Carthage, les bons choix du staff technique feront que ce match contre la Namibie ne pèse pas si lourd dans les jambes et dans les têtes des joueurs tunisiens décidés à faire une bonne entame de cette aventure ivoirienne pour attaquer les deux autres matches plus musclés contre le Mali et l’Afrique du Sud avec une forte dose de sérénité et de confiance.