On apprend que le nombre de victimes de la route en Tunisie en 2023 (au 27 décembre) est de 1. 185 personnes décédées, dont beaucoup à cause de la distraction au volant et donc l’usage du téléphone mobile, ce qui est frappant et saisissant à la fois et interpelle à plus d’un titre. Mme Afef Ben Ghenia, militante depuis 2013, date de création de l’ASR, présente ses atouts pour défendre la portée des actions et décisions en matière de sécurité routière en Tunisie. Avec toujours la même détermination et conviction.
Quel bilan rétrospectif faites-vous de l’année 2023 en matière d’accidents de la route en Tunisie, comparativement aux années précédentes ?
Une lecture rétrospective des chiffres relatifs aux données des accidents de la route en Tunisie nous amène à confirmer que la gravité des accidents de la route ne fait que s’accentuer d’une année à une autre. Ceci est bien traduit par le nombre de décès enregistrés lors des trois dernières années, soit respectivement 1208 en 2023, 1058 en 2022 et 1014 en 2021.
Ceci s’explique par autant des facteurs des risques, à savoir le non-respect de la limité de vitesse, la distraction au volant, la conduite en état d’ébriété, l’usage du téléphone portable, la somnolence au volant, le non port de la ceinture et du casque pour les motos, et bien d’autres qui sont reconnus mortels.
Tous ces facteurs ne font que s’accentuer, vu qu’il n’y a pas une application stricte de la loi et un contrôle répressif sur la route pour mettre fin à ces comportements irresponsables de nos usagers de la route. Le renforcement et l’application des lois sont la solution recommandée pour sauver des vies comme cela a été le cas dans plusieurs pays, ce qui a été bien souligné par le Président de la République lors de sa réunion le 26 juin 2023 avec le ministre de l’Intérieur.
Quels sont les champs d’actions sur lesquels l’ASR compte batailler dans les prochaines années à l’instar de la “Zone 30” autour des écoles ou la promulgation en 2018 de la loi sur le port de la ceinture à l’arrière, devenu obligatoire ?
A l’issue de l’événement, le mois dernier, sur le nouveau rapport mondial de la sécurité routière, et auquel j’ai eu l’honneur de contribuier à sa préparation avec l’équipe juridique de l’OMS en tant que analyste juridique chargée de la révision des lois de la circulation pour les pays arabes, j’ai soutenu l’idée que la Tunisie a des lois bien avancées en matière de sécurité routière et ce qui nous manque simplement, c’est leur application comme celle de la ceinture pour laquelle on a plaidé fort. D’ailleurs, on lance un appel urgent aux autorités concernées du ministère de l’Intérieur pour plus de renforcement et contrôle pour le port de la ceinture à l’avant et à la mise en vigueur pour la loi quant à l’arrière. Je dois aussi signaler que, selon le dernier rapport de l’OMS, les données de la Tunisie montrent une diminution du taux estimé de mortalité routière de 24 à 16 pour 100 000 habitants. 30,18% des victimes sont des piétons et des cyclistes ce qui nous a orientés à cibler les usagers vulnérables et surtout cette catégorie lors de nos prochains projets, mais aussi les motocyclistes vu que le nombre de décès de cette catégorie est en hausse. Les données publiées dans le dernier rapport de l’OMS, avec toutes les statistiques et études publiées par l’Onsr, guideront notre vision et notre travail, pour nous concentrer sur le plaidoyer en faveur de la législation sur l’utilisation et l’application des casques, la législation sur les systèmes de retenue pour enfants et l’application de la loi sur les zones de 30 km/h».
L’Etat, via l’Onsr, peut-il intervenir pour agir sur le nombre des victimes de la route enregistré chaque année et endiguer ce fléau qui frappe durement l’économie nationale?
Il faut bien avouer que certains progrès ont été réalisés à ce niveau. Et avec toutes les initiatives et projets conduits avec l’Onsr et tous les ministères concernés pour un système de données fiable, exhaustif et précis, la Tunisie a avancé dans le classement de l’OMS du groupe 4 vers le groupe 2 dans le nouveau rapport de l’OMS sur la sécurité routière 2023. Cette amélioration notable est attribuée aux efforts conjugués du gouvernement et de la société civile. La responsabilisation de toutes les parties prenantes, structures gouvernementales et société civile et unification des efforts, est la solution clé pour venir à bout de ce fléau. Notons que la Tunisie est en train d’élaborer une nouvelle stratégie décennale sur la sécurité routière visant à planifier et spécifier les rôles de toutes les parties prenantes, avec une vision claire et unifiée pour sauver des vies sur nos routes et trouver les solutions adéquates à cet effet.