Il n’y a pas de honte à être un Etat démuni. La seule honte, c’est d’oublier sa dignité. Il n’y a pas de honte à être confronté chaque jour à des conditions de vie difficiles, à manquer de produits alimentaires de base, à faire la queue pour le pain ou l’essence, mais on sent l’humiliation quand il s’agit de tout trouver dans la charité et l’assistance.
L’amitié, la fraternité, la solidarité perdent leur sens si elles ne se font pas dans le cadre du respect. C’est ce qu’a justement souligné le Président de la République au cours de l’audience accordée récemment au Chef du gouvernement à son retour de Davos. C’est que ce forum est devenu un club où les bras financiers de Bretton Woods et les chefs des multinationales paradent en donneurs de leçons pour les pays qui tirent le diable par la queue à la recherche d’une lampée pour lubrifier leurs caisses. Encore une fois, la Tunisie hausse le ton pour le dire crûment : on n’accepte pas les diktats de qui que ce soit, on refuse le soutien qui ne se base pas sur le respect. Dans ce rôle d’éclaireur, notre pays s’est de nouveau illustré en faisant émerger la question majeure de la dignité, du respect et du traitement équitable d’égal à égal. Certes, on a besoin de financement extérieur pour équilibrer notre budget, mais ce financement ne saurait être un alibi pour nous marcher sur les pieds. Notre fierté en tant que Tunisiens passe avant tout. Et nous avons apporté la preuve que nous sommes un peuple capable de compter sur ses propres moyens pour surmonter la crise. Il n’y a pas de raison pour qu’on courbe l’échine devant les mastodontes de la finance internationale ou de faire une concession sur les attributs de notre souveraineté en contrepartie d’un prêt ou d’un don. Au contraire, malgré les difficultés, nous avons non seulement honoré nos engagements et remboursé à temps nos crédits, mais aussi nous avons apporté l’aide à nos frères en détresse, victimes d’une agression sioniste et génocidaire sans précédent.
En le faisant, nous l’avons fait dans la discrétion, l’humilité et sans le crier sur tous les toits. Car la fraternité pour nous, c’est d’abord la compréhension, la compassion, la solidarité et le respect sans contrepartie.