A partir d’un corpus épars, les organisateurs ont magnifiquement retracé une histoire, une époque, mais aussi un style novateur, une philosophie de l’architecture. Ils ont su analyser et montrer ce qui a fait la spécificité de Le Corbusier, qui, entre autres découvertes, ne s’appelait pas Le Corbusier, mais Jeanneret, comme son associé-cousin.
Deux très belles expositions étaient consacrées en ce début d’année particulièrement faste en art, à une mystérieuse villa que nul ne peut visiter, et dont on sait qu’elle est la seule réalisation de Le Corbusier en Afrique. Le célèbre architecte qui révolutionna tous les codes en matière d’architecture, et proposa un nouvel art de vivre et d’habiter, a construit en Europe, en Asie, autour de la Méditerranée, mais rien en Afrique en dépit de quelques projets non aboutis. Aussi cette maison, qui fut celle d’un personnage haut en couleur, occupant un haut rang dans la société coloniale, assez autoritaire pour dicter ses volontés à celui qui était déjà célèbre, nourrit-elle tous les fantasmes. Les organisateurs sont partis en quête de tous les souvenirs, rumeurs, échos qui émanaient de cette époque. Ils ont retrouvé les descendants de Baizeau, des amis d’amis qui fréquentaient la demeure, des documents, des plans, quelques photos. A partir d’un corpus épars, ils ont magnifiquement retracé une histoire, une époque, mais aussi un style novateur, une philosophie de l’architecture. Ils ont su analyser et montrer ce qui a fait la spécificité de Le Corbusier, qui, entre autres découvertes, ne s’appelait pas Le Corbusier, mais Jeanneret, comme son associé-cousin.
Et puis, en un autre lieu—la première exposition se tenant au 32 bis, la seconde dans la chapelle de l’IHEC— ils ont laissé la bride sur le coup à des artistes contemporains, et leur ont demandé de rêver et d’imaginer cette maison et la vie qui aurait pu s’y dérouler.
Vidéos, installations, dessins nous offrent une maison imaginaire, hantée de fantômes ou de familles ordinaires, accueillante ou angoissante selon l’approche ou le story-board que l’on adopte. Alors vous non plus, vous ne pourrez pas visiter la villa Baizeau de Le Corbusier, mais les expositions si.