Pour l’ancien défenseur du Club Africain et international des années 1980, on ne peut pas imputer toute la responsabilité de l’échec de l’équipe nationale dans la CAN de Côte d’Ivoire à Jalel Kadri. Lui-même est victime d’un système qui l’a propulsé à la tête de la sélection sans qu’on ait la certitude qu’il est réellement maître de ses propres choix.
“Je vous mentirais si je vous disais que je ne m’attendais pas à cet échec. Je suis déçu, certes, mais c’était déjà attendu depuis un certain moment. Si nous analysons la question dans tous les aspects, on atteint forcément ce résultat décevant en CAN. Avec un championnat national marginalisé et quand on amène des joueurs bi-nationaux ou évoluant dans des championnats étrangers mais sans qu’ils apportent une plus-value et, surtout, qu’ils ne soient pas réellement meilleurs que les joueurs locaux, on ne peut avoir qu’un tel résultat décevant. Cette élimination dès le premier tour de la CAN est la résultante des choix des sélectionneurs désignés ces dernières années. Sans vouloir enfoncer personne, ce sont des sélectionneurs qui n’ont ni forte personnalité, ni vision de jeu. Avec tout le respect que je lui dois, Jalel Kadri est, certes, diplômé, mais il a le profil d’un entraîneur national adjoint. Il aurait dû assister un entraîneur de renom de la trempe de Roger Lemerre, et non pas propulsé au rang de sélectionneur national alors qu’au départ, il a intégré le staff technique national comme adjoint. Jalel Kadri est victime d’un système qui désigne des techniciens dociles. Je ne suis pas sûr, d’ailleurs, que les joueurs alignés soient ses propres choix. Il fallait nommer à la tête de la sélection un ancien grand joueur, si on veut qu’il soit tunisien. Un grand monsieur dont le vécu parle de lui. Un vécu qui suffit pour que les joueurs le respectent.
Les choix des joueurs sont discutables et pas seulement lors du dernier match contre l’Afrique du Sud. Le problème avec l’équipe nationale actuelle, c’est qu’il y a eu beaucoup de changements. Exception faite de Meriah, Talbi, Skhiri et Laïdouni, il n’y a pas de véritable ossature, tellement ça change tout le temps. De plus, nos joueurs ont manqué terriblement de fraîcheur physique. Ils ne tiennent pas plus de 25 minutes. Il y a également un vrai problème en attaque. Nos joueurs sont incapables de réussir le un contre un, ce qui explique entre autres qu’on n’a marqué seulement qu’un seul but en trois matches. Par ailleurs, on n’a rien vu de la part d’Elias Achouri. Personnellement, je m’attendais à beaucoup de lui. Cette déception en Coupe d’Afrique des nations peut être un mal pour un bien si on attaque avec sérieux le chantier de la restructuration du football tunisien. Nous avons encore de bons éléments en ce qui concerne les joueurs locaux. Autant sauver la baraque tant qu’il est temps. Notre championnat est devenu quelconque. Un championnat qui n’est pas si professionnel étant donné que, dans bon nombre de clubs, les impayés des salaires sont la règle et non pas l’exception. Il faut bâtir un projet sportif sur quatre, voire cinq ans, pour restructurer notre football à tous les niveaux, l’infrastructure notamment. Aujourd’hui, on n’a pas un terrain central d’un stade qui soit en bon état. Je me souviens quand j’étais en équipe nationale, nous sommes partis disputer un match au Rwanda. Il n’ y avait pas de route goudronnée. Aujourd’hui, il faut jeter un coup d’œil sur les avancées du Rwanda et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Ceci pour dire que tout le monde est en train de nous dépasser et pas seulement en football. Et pas seulement en Afrique”.