Le ministère des Affaires sociales a annoncé récemment la décision d’octroyer de nouveaux prêts sociaux financés par l’Etat et de réviser à la hausse les anciens. Une aubaine pour les affiliés des caisses de sécurité sociale dont le pouvoir d’achat s’est, considérablement, dégradé, ces dernières années.
Il y a trois ans, la pandémie du Covid-19 a plongé la Tunisie dans une crise économique, touchant de plein fouet la majorité des secteurs économiques qui n’ont pu échapper à la sinistrose. Alors que le pays peine à se remettre sur pied, la guerre Russie- Ukraine porte de nouveau un coup de massue à une économie déjà fragilisée.
Et les répercussions ne se font pas attendre: pénurie des produits alimentaires de base, hausse du taux d’inflation, augmentation du prix de l’énergie et des matières premières à l’international, ce qui n’a fait qu’alourdir la charge des agriculteurs et des entreprises économiques…. Mais c’est surtout le citoyen qui a payé le prix fort, en voyant son niveau de vie baisser de plus en plus, à cause de l’inflation grimpante et de la flambée des prix des denrées alimentaires.
Des biens, qui étaient accessibles par le passé, à la faveur des prêts bancaires, sont devenus aujourd’hui inabordables, à cause de leur prix qui a doublé, voire triplé en l’espace d’une décennie. Le rêve d’acquérir un logement ou une automobile est devenu, par conséquent, de plus en plus difficile à réaliser pour bon nombre de citoyens qui perçoivent un salaire moyen de 1.000 dinars.
Les taux d’intérêt des prêts bientôt annoncés
C’est vraisemblablement dans l’optique d’élargir les horizons et d’offrir de nouvelles perspectives à une classe moyenne à court de ressources et qui compte le plus grand nombre d’affiliés aux caisses de sécurité sociale que le ministère des Affaires sociales a pris l’initiative de mettre en place de nouveaux prêts sociaux qui seront octroyés par la Cnss et la Cnrps.
Certes, si l’octroi de ce type de prêts n’est pas un fait nouveau, le ministère a décidé d’en améliorer les modalités d’octroi, en diversifiant les types de prêts, tout en révisant à la hausse le montant des anciens prêts qui seront accordés à des taux préférentiels permettant, ainsi, d’améliorer sensiblement le pouvoir d’achat des bénéficiaires. Trois propositions de prêts ont été avancées par le ministère de tutelle. Les bénéficiaires auront, alors, le choix entre un prêt personnel d’un montant de 25 mille dinars remboursable sur 3 ans, prêt véhicule de cinquante mille dinars et remboursable sur 5 ans et un prêt logement d’une valeur de cent mille dinars remboursable entre 15-20 ans.
Bien que le taux d’intérêt n’ait pas encore été clairement établi, un communiqué officiel du ministère fixant toutes les modalités devra être prochainement publié. Et ces prêts seront octroyés dans les mois prochains.
Souscrire obligatoirement à une assurance vie
Les mêmes conditions pour l’obtention de ces crédits devraient être maintenues au niveau des caisses de sécurité sociale: l’affilié doit être titulaire et immatriculé à la sécurité sociale depuis au moins trois ans et l’ensemble du remboursement des prêts contractés par ce dernier que ce soit au niveau de la sécurité sociale ou de la banque ne doivent pas dépasser 40% de son salaire.
Deux nouvelles conditions ont été introduites: l’affilié devra souscrire obligatoirement à une assurance vie et ne pourra pas faire l’acquisition d’une voiture d’occasion âgée de plus de deux ans dans le cas de l’octroi d’un prêt véhicule par l’une des deux caisses sociales. Si l’octroi de ces prêts reflète la volonté louable du ministère des Affaires sociales d’impacter positivement le quotidien des citoyens et d’améliorer leur situation financière, il place, par contre, les caisses de sécurité sociale face à un défi de taille: améliorer et diversifier leurs prestations, afin de mieux répondre aux attentes de leurs affiliés tout en veillant à préserver leur équilibre financier très fragile.
En effet, le tableau pour les deux caisses n’est pas aussi reluisant qu’on pourrait le croire. En 2021, le déficit de la Cnss, qui s’est creusé un peu plus par rapport à l’année précédente, a atteint 1,27 milliard de dinars.
Il en est de même pour la Cnrps dont la santé financière est mauvaise, malgré les fonds injectés par l’Etat pour rééquilibrer son budget.
Le déficit budgétaire de cette dernière n’a pas cessé de se creuser, atteignant ces dernières années plus de 500 millions de dinars. Nos caisses tiendront-elles le coup et seront-elles capables de relever ce nouveau défi ? L’espoir est permis dès lors que ces prêts seront financés par l’Etat.