Entre la Tunisie et l’Italie, entre Rome et Carthage, l’Histoire a tissé les liens d’une amitié que nul ne peut défaire. Cette amitié est forte et sincère. C’est pourquoi la voie du salut pour les Européens autant que pour les Africains ne peut être tracée sans passer par ce pont naturel et historique que forment les deux nations. Et c’est pourquoi la voix de la Tunisie résonne au nom de l’Afrique non pas pour effacer un passé dramatique ponctué de souffrance, d’exploitation, de colonisation et de spoliation mais pour tirer les leçons afin de regarder ensemble vers l’avenir. C’est la raison pour laquelle le Sommet Italie-Afrique n’a pas pris l’allure d’une messe pour pleurer sur les malheurs de l’Afrique ou pour s’apitoyer sur son sort. Car l’Afrique n’a pas besoin de larmes pour expier les fautes et les crimes commis à son encontre. Mais il est vrai aussi que tant que l’Afrique saigne, la blessure restera ouverte en Occident. Le temps est révolu pour ceux qui lorgnent l’Afrique en tant que marché, s’intéressent à ses richesses sans se soucier de ses peuples. Cette nouvelle Afrique est déjà fortement courtisée par les Chinois, les Russes ou encore les Turcs. Et si l’Occident veut nouer une nouvelle relation avec le continent, c’est muni d’un autre regard qu’il doit se présenter, et d’une autre manière d’aborder les choses. Car l’Afrique n’a pas besoin de nouveaux conquérants qui viendraient abîmer son art de vivre ou sa sagesse ancestrale. L’Afrique a besoin de partenaires respectueux de son imaginaire merveilleux. Des partenaires responsables et engagés dans un développement commun qui ouvre les lucarnes de l’espoir, qui favorise l’ouverture, l’échange et le partage sans outrager son identité, ses valeurs et ses convictions.
Pour y parvenir, il faut d’abord gagner la confiance des Africains. Par le respect d’abord, par la sincérité et par l’investissement qui crée la richesse ensuite. Une richesse fondée sur la profondeur de l’âme africaine qui rejaillira positivement sur l’Afrique et sur l’Europe. Car l’Afrique a besoin de s’inventer un avenir avec des moyens qui lui soient propres. Le soutien européen, quel qu’il soit, ne devrait pas faire office de charité mais d’un soutien durable à même de changer le destin et de l’Europe et de l’Afrique.