A un mois de l’échéance des élections, le bureau fédéral désigne des personnes pour un bail qui peut aller jusqu’à 4 ans ! Illogique et mystérieux. Pour le reste, ce n’est pas ce qui va sauver l’équipe nationale et le football tunisien.
Plus que le fond de ces décisions fédérales lourdes prises par le bureau fédéral de la FTF, c’est sûrement la forme qui interpelle et inquiète même. Un bureau fédéral «abattu» et qui a encore une durée de vie d’un mois se permet de prendre des décisions «stratégiques» et de nommer des responsables pour des chantiers de plusieurs années, alors que, légalement et éthiquement, le vrai mandat de Neji Jouini et de Belhassan Malouche est un mois ! Un seul mois, le temps que les élections aient lieu et qu’un nouveau bureau fédéral prenne place. La forme est largement discutable, et personne n’en parle, parce qu’on est frustré et qu’on cherche à changer de cap. Et si le nouveau bureau fédéral élu n’est pas convaincu de toutes ces nominations et qu’il ramène deux autres personnes à la place de Neji Jouini et de Belhassan Mamouche (et c’est son plein droit) ? Ce serait alors une mauvaise farce.
De plus, l’actuel bureau fédéral, qui, pour des années, était sous la mainmise de Wadi El Jary, est lui-même responsable de l’état auquel l’équipe nationale et le football sont arrivés. C’est aux clubs le jour des élections de proposer d’autres personnes et les mandater à reformer et à désigner les membres qui s’en chargeront.
Nous n’allons pas trop nous attarder sur la commission investie pour proposer des noms de sélectionneurs au prochain bureau fédéral. C’est populiste et même «folklorique». Ni le fond, ni la forme, ni le bon sens ne sont respectés à ce sujet. Et puis, ce sera un tri sur dossiers, ce qui rend cette décision encore plus vaine et dérisoire. Qui parmi les entraîneurs compétents et même ceux inexpérimentés va digérer l’idée d’être évalué par des personnes qui n’ont pas l’habileté suffisante pour le faire ? Il ne suffit pas d’être ex-international pour trier des dossiers et évaluer et comparer des CV et des profils de techniciens. Et encore une fois, cela ne va engager en rien le prochain bureau fédéral qui peut ignorer complètement tous les noms avancés par cette commission.
Scénario de dernière minute ?
Le fiasco de l’équipe nationale a précipité les choses, et l’incarcération de Wadii El Jary a marqué une certaine fin de règne. C’est la fin de l’époque Wadii El Jary, de son approche et bien sûr de ses hommes et femmes à la FTF. C’est la devise partout : une époque prend fin, une autre voit le jour. On assiste aujourd’hui à une période sensible, celle des nouvelles alliances et des tractations des coulisses avant les élections.
Et comme la nature a horreur du vide, la place laissée par W. El Jary sera comblée tôt ou tard. Les noms ne manquent pas et, dans la plupart des cas, ce sont des opposants à Wadii El Jary. Cela peut se comprendre. Mais une hypothèse ne manque pas de revenir sur toutes les langues. Celle de Wassef Jelaïel, vice-président de la FTF et qui dirige actuellement les affaires fédérales. Et remarquez bien que W. Jelaïel a déjà pris ses distances par rapport à El Jary en tendant la main au ministre des Sports (qui a eu l’occasion d’assister aux entraînements de la sélection), et qui a trouvé un arrangement avec la Télévision nationale, quitte à «sacrifier» une grande partie des créances des clubs pour les droits TV. L’homme est aussi le seul membre qui peut se porter candidat à la présidence selon les règlements actuels. Et si c’était Wassef Jelaïel la carte gagnante ?
Un scénario où le ministre des Sports sera tranquille et où les influents pourront placer leurs représentants et chercher une sorte de liste consensuelle. Parce qu’au fond, des gens comme Néji Jouini et Belhassan Malouche ne sont pas aussi «dupes» ou effacés pour venir et être sous la menace d’être chassés après l’arrivée du nouveau bureau fédéral. Fort probable qu’ils ont des garanties pour rester et restructurer la DTN et le secteur de l’arbitrage. Et dans ce cas, peut-être que les choses seraient claires déjà, tout cela sera élucidé d’ici peu.