Néji Jouini est sûrement un des arbitres les plus célèbres et les plus charismatiques de notre football. Depuis qu’il était arbitre, il ne passait pas inaperçu aussi bien dans le bien que dans le mal. Beaucoup l’aimaient et adoraient sa façon d’arbitrer, d’autres ne l’aimaient pas et le trouvaient «abusif» et auteur d’erreurs impardonnables.
On se souvient de deux matches (deux anecdotes) et les deux se sont déroulés en 1992. D’abord, ce terrible carton jaune infligé à Abedi Pelé, la star de Ghana en demi-finale de la CAN du Sénégal et qui le privera de la finale perdue devant la Côte d’Ivoire. Jusqu’à aujourd’hui, Pelé n’en revient pas et dit avoir été lésé. Toujours en 1992, Néji Jouini est alors arbitre de la «finale» du championnat entre le CA et le CAB à El Menzah. Deux cartons rouges au CA et un autre au CAB et un coup franc à la dernière minute de la partie qui donne logiquement le titre au CA à une journée de la fin!
Néji Jouini est quelqu’un qui a une forte personnalité et s’impose dans n’importe quel milieu où il se trouve. Plus de 20 ans à diriger les arbitres qataris et à rester solide à son poste pendant toutes ces années, ce n’est pas donné à tout le monde dans un football qatari électrique dans les coulisses et dans un poste qu’il a su protéger contre tous ses détracteurs. Et maintenant, il fait son retour en Tunisie pour gérer le dossier de l’arbitrage. C’est, bien entendu, la fin d’une époque, celle de Wadi El Jary et de ses arbitres qui ont, il faut le reconnaître, spolié le football et le championnat de toutes les divisions. Pas mal d’arbitres ont faussé exprès des résultats, offert des titres à certains clubs, privilégié des clubs bien particuliers et lésé d’autres. Dans l’ensemble, nos arbitres traînent une mauvaise réputation, et en partie c’est fondé. Que peut alors faire Néji Jouini qui, en une semaine, devait décider et se préparer au play-out ? Il est clair que c’est un monsieur fonceur et peut-être un peu emporté et émotif. Ramener des gens bannis par Wadi El Jary pour leur confier des responsabilités urgentes, notamment la désignation. Ben Hassana et Saâdallah marquent une rupture par rapport à Aouaz Trabelsi et Mourad Ben Hamza. Aujourd’hui, la cote de l’arbitre tunisien en Afrique est si basse et mauvaise. Aucun arbitre tunisien n’a été retenu pour siffler lors de cette CAN. Pareil pour la Coupe du monde. C’est un secteur plein de suspicion, mais aussi de manquements. On n’a pas que des problèmes de manipulation de matches et de partialité, on a aussi des problèmes de personnalité et de compétence. Pas mal de nos arbitres n’ont ni l’air ni le comportement exemplaire d’un arbitre de haut niveau. En les regardant siffler, ils n’inspirent aucun respect et se font marcher dessus par les joueurs, les entraîneurs et les dirigeants.
Néji Jouini ne sera pas gâté avec cette mission épineuse. Il aura à redonner très vite une image respectable de l’arbitre tunisien et à lever les injustices criardes dans ce domaine. Des arbitres devraient être remis à leur juste valeur comme Sadok Selmi, Amir Loussif et tous ces hommes en noir loyaux à l’ancien président de la FTF, d’autres vont avoir leur chance. Est-ce que la touche Néji Jouini sera palpable d’ici quelque temps? Pas évident surtout que, dans le secteur d’arbitrage, d’ex-arbitres, suspects et connus pour leurs «crimes» dans le championnat des années 80 et 90, opèrent tranquillement depuis des années comme instructeurs, commissaires et désignateurs. C’est là une grande frustration.