En dépit de la conjoncture, je devrais être l’un des Tunisiens les plus heureux : l’un de mes vœux les plus anciens et les plus fervents vient d’être exaucé. En effet, tout au long de ma carrière de « plumitif », comme dirait l’autre, je n’ai cessé de réclamer la mise en place d’une signalétique digne de ce nom pour orienter ceux qui arpentent les sites historiques et archéologiques à la découverte de ce patrimoine. J’en vois, ces derniers temps, un début d’exécution. Que veut le peuple ?
Et de fait, j’ai d’abord vu apparaître au croisement de certaines rues de Carthage d’élégants poteaux munis de plaques d’orientation pour indiquer la direction de certains monuments de la métropole antique. Il y en eut, une vingtaine d’années en arrière. Mais guère aussi réussis dans leur présentation ni surtout aussi nombreux. Le maillage du réseau est aujourd’hui beaucoup plus complet. Cerise sur le gâteau, il semble que certaines de ces haltes vont être dotées de panneaux explicatifs. En tout cas, j’ai découvert, ces jours derniers, l’un de ces panneaux implanté devant la station du TGM Carthage Hannibal. Des informations en arabe, en français et en anglais relatives à cette liaison ferroviaire entre la capitale et la banlieue nord devenue légendaire. Il est raisonnable de croire que de telles indications seront fournies partout où cela sera nécessaire. Rien que du bonheur, en somme. Pourvu seulement qu’il en soit partout ainsi.
Le texte date d’au moins trois décennies et a été puisé sans précaution dans quelque publication sans que cela soit signalé et encore moins mis à jour
Seulement voilà. La perfection n’étant pas de ce monde, il y a un mais à cette belle entreprise. Le contenu des informations fournies, puisé dans on ne sait quelles sources, peut laisser à désirer. Je n’épiloguerai pas longtemps à ce sujet. Voici un extrait du texte affiché devant la ligne de chemin de fer : « Ce train en bois qu’un petit monde de l’époque prenait au quotidien, passe encore aujourd’hui sous nos yeux (alors qu’il a été remisé depuis près d’un demi-siècle) ». Plus loin, évoquant les stations auxquelles le train s’arrête, il cite « Douar Echatt » (devenu Byrsa) et, plus loin, l’« Archevêché » (devenu Sidi Dhrif). Il est clair que ce texte date d’au moins trois décennies en arrière et qu’il a été puisé sans précaution dans quelque publication de l’époque sans que cela soit signalé et encore moins mis à jour !
On sait qu’un vaste projet de promotion du patrimoine naturel et culturel auprès des nationaux et des résidents et visiteurs étrangers a été initié par des organismes nationaux en collaboration avec des parties étrangères. On ne peut qu’applaudir une telle initiative. Encore faut-il qu’elle ne soit pas seulement prétexte à faire de bonnes affaires. Il y va de la crédibilité des prestataires et des donneurs d’ordre.