Le lac de Moularès, miroir de contradictions, reflète non seulement la richesse de la nature, mais aussi la fragilité de cet équilibre précaire entre l’homme et son environnement, où chaque goutte d’eau est une bénédiction.
Au cœur d’une zone minière, enchâssé entre les crêtes sévères et les majestueuses montagnes qui semblent vieillir silencieusement, le mystérieux lac de Moularès n’a pas encore dévoilé son secret. C’est un réservoir énigmatique d’une abondance aquatique. Les habitants sont encore perplexes et continuent à chercher en vain des explications à ce phénomène. Une impression de mer en plein cœur de désert. Ce lac peut être inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Il constitue une source miraculeuse d’eau dans ces régions arides. On n’imagine pas ce paysage quand on pense à la sécheresse qui sévit dans ces lieux. Dans la série des lacs étonnants, celui de Moularès ne vous surprend pas par sa couleur ou sa forme, mais plutôt par son apparition.
Il faut remonter au mois de mars 2018, date de sa dernière apparition. Ce lac continue à susciter l’intérêt autant des habitants que des scientifiques, qui cherchent à élucider le mystère de son apparition. Un casse-tête pour l’esprit qui ne se résout qu’avec les yeux.
Situé sur la route régionale N° 24 au Km 26 entre Gafsa et Moularès, un véritable décor de cinéma, qui s’étend sous nos yeux, a échappé à l’œil des réalisateurs. C’est un coup de magie de la nature et ses caprices, alors que d’autres parlent d’ hallucination. La luxuriance du lac, ancré dans un contexte montagneux aride, renforce l’idée que ce phénomène est un témoignage vivant des caprices de Dame nature, avec cette danse délicate entre l’abondance de l’eau et la soif de l’humain.Le lac de Moularès, miroir de contradictions, reflète non seulement la richesse de la nature, mais aussi la fragilité de cet équilibre précaire entre l’homme et son environnement, où chaque goutte d’eau est une bénédiction. La présence de ce lac au sein de ce paysage montagneux austère intensifie le mystère qui l’entoure.
Feedback dans le passé: en juillet 2014 plus exactement. En plein épisode de canicule, la production du phosphate fut contrainte à l’arrêt à cause des revendications sociales. L’eau jaillit alors du sol pour former un lac. Les habitants, en quête d’explications, scrutaient les contours ondoyants de ce plan d’eau énigmatique.
Pour chercher une explication à ce phénomène mystérieux, un expert en ressources hydriques a avancé l’hypothèse suivante: « Le pompage des eaux de la nappe phréatique pour les laveries est derrière le tarissement observé depuis une bonne période et les coupures incessantes de l’eau potable à travers les délégations du gouvernorat de Gafsa, causées par cette exploitation démesurée de la nappe. Ce n’est nullement un pur hasard que ce lac resurgit chaque fois que les laveries observent un repos forcé. Donc, juillet 2014 et mars 2018 sont l’illustration parfaite de ce phénomène. Jadis, la région de Gafsa était arrosée par de nombreuses sources naturelles. Les piscines romaines, qui ont souffert du tarissement de la nappe phréatique, ont retrouvé le jaillissement de l’eau ces dernières années, même si ce n’est pas avec le même débit ».
C’est une ombre qui plane sur cette source d’émerveillement, pour dire que les eaux cristallines du lac sont désormais canalisées pour satisfaire les besoins des laveries du phosphate, imposant une coexistence fragile entre la nature et l’homme.Cependant, la main de l’homme s’est étendue pour puiser dans cette source vitale, et les laveries ont canalisé les eaux de la nappe, transformant le miracle naturel en une ressource exploitée.
Même son de cloche du côté de l’association (les amis du bassin minier pour l’environnement) qui met en cause l’exploitation des eaux souterraines et pointe du doigt le traitement du phosphate. C’est plutôt la dualité entre la richesse ancestrale de ces eaux et la pression moderne qui tente de les maîtriser.