L’élection d’un nouveau bureau fédéral aura bien lieu le 9 mars. Les candidats au changement seront-ils à la hauteur de l’immensité de la tâche qui les attend ?
Finalement, et après mûre réflexion, Wassef Jlaïel, qui a assuré l’intérim de Wadï El Jary, a tenu parole et n’a pas présenté de liste pour les élections du nouveau bureau fédéral du 9 mars prochain. S’il ne s’était pas retiré de la course, Maher Ben Aïssa, Jalel Tekaya et Wissem Ltaïef auraient sans doute réfléchi deux fois avant de se décider de présenter leurs listes avant la date et l’heure limites (17 février à midi) au bureau d’ordre de la FTF. Après le retrait également de Hussein Jenayeh, qui était lui aussi pressenti pour convoiter un nouveau mandat et qui n’avait pas démenti avant la CAN son ambition de succéder à Wadï El Jary, la voie était enfin dégagée pour l’émergence de nouveaux candidats et des élections plurielles où la concurrence jouera à fond avec des chances pratiquement égales. Après les trois candidatures annoncées samedi, un premier doute a été ainsi balayé au grand dam de ceux qui ont mené une campagne virulente pour que ces élections soient reportées afin que les conditions d’éligibilité soient revues et assouplies et qui sont allés jusqu’à assurer détenir des informations de sources sûres que le scrutin n’aurait pas lieu à la date fixée. En restant à l’écart, en réaffirmant sa neutralité et sa non-ingérence dans tout le processus électoral du début jusqu’à la fin, le ministère de la Jeunesse et des Sports a coupé l’herbe sous les pieds de ceux qui voulaient le faire tomber dans le piège de recourir à l’article 21 de la Loi des structures sportives pour dissoudre le Bureau fédéral « rebelle » qui n’a pas présenté sa démission dès le retour de Côte d’Ivoire après la sortie humiliante de l’équipe de Tunisie dès le premier tour de la Coupe d’Afrique des nations. Une attitude des plus sages qui a rassuré la Fifa sur toutes les procédures du processus électoral qui respectent l’indépendance de la Fédération et son autorité pour organiser ces élections en toute liberté et en totale conformité avec ses statuts. Il n’y aura donc ni report de l’assemblée générale élective ni modifications des conditions d’éligibilité mais un respect à la lettre du règlement intérieur en vigueur. Surtout que, conformément au paragraphe 5 de l’article 8 du Code électoral de la FTF, la Fifa a été informée, 30 jours avant la date des élections concernées, de la nature des élections et a reçu un exemplaire du Code électoral en vigueur et toutes les autres règles et directives électorales qui veilleront au bon déroulement le ces élections.
La balle est dans le camp des clubs membres
Les dossiers de candidature des trois listes de Jalel Tekaya, Maher Ben Aïssa et Wissem Ltaïef sont maintenant sur la table du Comité électoral indépendant pour vérifier leur conformité aux conditions exigées par les statuts et le règlement intérieur de la FTF. Ce comité a cinq jours à partir de la date de réception de ces dossiers pour se prononcer et annoncer ses décisions (art 29 du règlement intérieur). En cas de rejet de candidature d’une liste pour des motifs indiqués dans la décision, celle-ci pourra introduire dans un délai de deux (2) jours un recours dûment motivé auprès de la Commission nationale d’appel qui doit rendre son verdict dans les deux ( 2 ) jours qui suivent la réception de ce recours. Les décisions de la Commission sont « finales et exécutoires» (paragraphes 1, 2 , 3 et 4 de l’article 9 du Code électoral ). Les trois listes attendront donc la validation définitive de leur candidature pour se lancer dans une campagne électorale afin de présenter leurs projets pour les quatre ans d’exercice s’ils sont élus. Ils vont parcourir et sillonner les régions, faire du porte-à-porte et contacter toutes les associations membres qui ont un poids important pour arracher une promesse et un engagement de vote en leur faveur. Le premier clin d’œil a été déjà adressé aux grands clubs avec la présence dans la liste d’un ou deux candidats censés leur appartenir mais les trois candidats savent que c’est le réservoir électoral des clubs amateurs des ligues 3 niveau 1 et 2 et des ligues régionales qui a fait la force de Wadï El Jary et qui sera décisif pour faire la différence. Un passage au tamis des membres composant les trois listes ne dégage pas de liste favorite. Les candidats de poids qui agitent l’opinion n’y figurent pas. A commencer par les anciens joueurs ayant plus de 30 sélections. Tout comme l’obligation d’au moins une candidate femme dans la liste des douze qui a été, elle aussi, une affaire de dernière minute. Devant le lourd héritage qui attend la liste victorieuse, le tas des problèmes à résoudre, l’urgence des réformes à faire pour une grande évolution, voire une révolution de fond dans le football tunisien, on se demande si les candidats présentés ont l’étoffe et le profil de grands artisans du changement souhaité. On avait peur du vide mais ce n’est pas le cas avec ces élections plurielles et c’est un point positif. Mais on est quand même devant un sentiment de crainte que ces nouveaux prétendants à la direction et à la gestion de notre sport roi ne puissent en écrire la nouvelle page dorée et entrer dans l’histoire.