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Sans les entreprises publiques, point de service public

Editorial La Presse

 

Sans les entreprises publiques, le service public n’existerait pas. Même les pays qui ont ouvert la voie au désengagement de l’Etat de certains secteurs névralgiques, tels que les chemins de fer, gardent le contrôle sur ces activités car c’est l’essence même du sens de l’Etat. En Tunisie, plusieurs entreprises publiques sont en difficulté. On le sait depuis plus de dix ans. Des caisses sociales à la CPG, en passant par Tunisair, la Sncft, la liste est longue. Pourtant, ces entreprises se battent au quotidien pour assurer la continuité du service public : santé, transport, etc. Mais elles sont en butte à des difficultés financières aiguës. Elles n’arrivent plus à payer les impôts et la cotisation sociale. Leur premier souci est d’arriver à payer les salaires des employés. Elles font des coupes budgétaires et sacrifient tout plan d’investissement. 

Elles sont harcelées par les notaires qui cherchent à exécuter des jugements ou des saisies ordonnés par d’autres entreprises publiques. La Steg n’hésite pas à couper le courant pour défaut de paiement, la Sonede procède de la même manière, la Cnam suspend ses prestations aux employés de ces entreprises pour les mêmes raisons. Au lieu de serrer les coudes dans les périodes de crise, les entreprises publiques se tirent dans les pattes. Conséquence : dégradation du service public, grogne sociale, grèves et revendications. On ajoute à la crise une couche de tension sociale et on récolte le mécontentement des citoyens à tous les niveaux. Pour sortir la tête de l’eau, ces entreprises publiques se retournent vers les caisses de l’Etat. Elles demandent de l’argent pour pouvoir faire face à des dépenses urgentes, la plupart exigées par d’autres entreprises publiques. Or, la sagesse commande, en ces périodes incertaines, une plus grande solidarité entre les entreprises publiques. Et si les solutions n’existent pas, il faut en trouver car nous sommes dans un seul Etat, un seul pays. Il ne sert à rien de malmener les entreprises publiques en crise. Il faudrait plutôt les accompagner afin qu’elles puissent surmonter la crise et retrouver l’embellie.  A cet effet, la coordination, la collaboration ou la passation de marché de gré à gré entre les acteurs étatiques devrait être une ligne de conduite que permet la loi. Il est ahurissant de voir qu’à ce jour, certaines entreprises publiques sont exclues d’office des appels d’offres publics, car elles ne répondent plus à certaines conditions, non pas techniques, mais administratives (ne sont pas en règle avec les impôts, etc.). De ce fait, l’étau se resserre davantage autour de l’activité et les pertes vont crescendo. Le cercle devient vicieux, et il est difficile de s’en sortir sans une autre manière de voir les choses. Celle qui donne aux entreprises publiques une plus grande marge de manœuvre afin qu’elles retrouvent leurs marques et redeviennent capables d’assurer un bon service public au profit des citoyens.

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