Cinq ans après le lancement du mode de transport individuel, plus connu sous l’appellation de «taxi-moto», la polémique revient au grand jour, avec un nouveau mouvement de protestation lancé par l’Union tunisienne des taxis individuels qui a annoncé l’organisation, le 27 février, d’une nouvelle mobilisation.
Le secrétaire général du syndicat, Faouzi Khabouchi, a prévenu que «les chauffeurs de taxi pourraient être contraints, si leurs revendications n’étaient pas satisfaites, de recourir à la grève générale». L’élément déclencheur de cette protestation réside, selon les «taximen», dans «le manque d’intérêt des ministères de l’Intérieur et du Transport, à l’égard de leurs demandes, malgré leurs multiples correspondances et protestations». Ils se plaignent de ce qu’ils considèrent comme de la concurrence déloyale des motos qui fournissent des prestations de transport public dans les rues de la capitale, à moindre coût, en faisant fi de la sécurité publique.
A titre de rappel, ce service lancé fin 2019, avait bénéficié de l’appui du gouvernement à l’époque, puisque l’un des premiers clients de ce moyen, n’était autre que le secrétaire d’Etat à la Jeunesse, Abdelkoddous Saâdaoui, qui était allé jusqu’à s’afficher, casque sur la tête, en se rendant aux locaux d’une radio de la place. A noter qu’à l’époque, le patron du syndicat des chauffeurs de taxi tunisiens avait, même, appelé à l’usage de la violence à l’encontre de l’entreprise qui avait lancé ce service
Il est utile de mentionner que l’Union tunisienne des taxis individuels n’est pas à son premier conflit avec les autorités pour diverses raisons, sachant que les «taxistes» sont fort «solidaires entre eux».
Gain d’argent pour les uns, gain de temps pour les autres
Maintenant, abstraction faite du dernier mouvement, dont on attend l’issue, le secteur des taxis individuels fait l’objet de conflits cycliques avec les diverses autorités de tutelle. Ainsi, il y a à peine une année, un bras de fer a été réglé, in extremis, entre l’Union tunisienne des taxis individuels et les ministères du Transport et des Technologies de la communication. Objet de la discorde, l’application spécifique de «e-transport» que les deux départements en question voulaient soumettre à des autorisations adéquates.
Puis, il y a eu la question de la prestation des applications sur téléphone portable (smartphone) qui facilitent, certes, la vie du client dans sa quête incessante d’un taxi à toute heure et en toutes circonstances, mais contre le paiement d’un supplément jugé exorbitant.
Or, devant la rareté des taxis, notamment aux heures de pointe, les usagers se trouvent dans l’obligation de recourir à cette pratique. Bien entendu, certains nous diront que les différentes parties trouvent leurs comptes, gain d’argent pour les uns, gain de temps pour les autres.
L’adoption et la généralisation des applications mobiles semblent inévitables, d’où la nécessité de préparer le cadre légal de ces prestations qui s’illustrent, malheureusement, par son absence, alors que du côté syndical, on assure que seul l’Etat est en mesure de délivrer ce type d’autorisation. Résultat des courses, tout le monde est mécontent et tout le monde fait sa guise en ayant recours aux arrangements qui lui conviennent.
«J’ai un client qui m’attend… je vais déjeuner… j’ai une réparation à faire»
D’autres diront, toutefois, que ce service est de plus en plus généralisé à cause du nombre insuffisant de ces véhicules utilitaires dont le nombre est difficile à connaître avec exactitude.
En effet, si le syndicat affirme qu’il n’est pas en mesure de donner le chiffre exact dans le sens même, «l’autorité de tutelle ne divulgue pas l’info». Des chiffres officieux évoquaient, il y a deux ans, le nombre de 17 mille taxis jaunes qui couvrent le Grand Tunis, alors qu’il est d’un peu plus de neuf mille dans le gouvernorat de Tunis, selon un recensement daté de 2018.
On n’oubliera pas certains mouvements revendiquant la hausse des tarifs pratiqués que les taximen qualifient de «très bas comparativement à d’autres pays proches de nous, d’où leur appel à les réviser, notamment, avec les augmentations récurrentes des prix des carburants. Les chauffeurs de taxi vont jusqu’à réclamer la mise en place d’un « comité national du transport, sous la tutelle du ministère du Transport, pour réguler ce secteur exposé à de nombreux problèmes.
Du côté des usagers, il y à dire. Parmi les pratiques répréhensibles de certains chauffeurs de taxi, notamment lors des heures de pointe, dans les embouteillages et dans les centres névralgiques, celles de demander au client, avant de monter, sa destination, pour accepter de le déposer ou pas, en fonction de l’adresse annoncée par ce client malheureux ne sachant souvent que faire d’autres et contraint de subir les desiderata de ces chauffeurs capricieux. Puisque aucun autre moyen de transport public n’est disponible à cette heure et en ce lieu.
En guise de refus «masqué», le chauffeur invoque certains alibis, désormais archi-connus, comme : «J’attends la relève… j’ai un client qui m’attend,… je vais déjeuner… j’ai une réparation à faire…». Un client averti connaît ses droits et sait très bien qu’un taxi, affichant qu’il est libre, est dans l’obligation de le prendre.
En bref, le secteur des taxis individuels a besoin d’une réelle mise à niveau, et ce, sur tous les plans, outre la maintenance d’un parc vieillissant et peu fiable qui affecte à coup sûr la sécurité et le confort des usagers.