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Esprits criminels

Editorial La Presse

Comment la Tunisie est-elle arrivée à un tel point de déliquescence en termes de gestion des structures de l’Etat ? A suivre les visites du Chef de l’Etat et les informations qu’il communique (de bonne source sans doute aucun) on est de plus en plus plongé  dans une sorte d’étonnement presque léthargique. C’est ce genre d’étonnement qui nous saisit  devant les séries américaines où, à chaque fois, un nouvel élément nous terrasse. C’est à croire que la Tunisie a engendré une génération d’esprits criminels dont la spécialité est d’entraver les institutions de l’Etat, de vrais génies de l’entrave et de la combine, capables de vous ralentir toute une structure. Ce travail de sape est organisé ou pas-là n’est pas le problème mais ce qu’on constate dans tous les domaines et ce qui devient de plus en plus inquiétant, c’est que ces agissements sont devenus presque une seconde nature chez certains Tunisiens… Un réflexe criminel qui va du responsable de l’institution au fonctionnaire qui, dans un hôpital, détruit les appareils pour orienter les patients vers les cliniques privées  et jusqu’à l’épicier du coin qui coupe ses épices avec des produits chimiques. Et tous ces faits sont vérifiés !

Lors de sa dernière visite à « Dar El Hout » (Institut national des sciences et technologies de la mer), le Président Kaïs Saïed dévoile encore  plus des agissements de ce genre, en parlant de ce fameux bateau et en déclarant  : « Il y a la question du navire dans le cadre de la coopération tuniso-japonaise… Le navire est en panne depuis plus de dix ans… Il a été convenu de le réparer en Italie pour un coût excédant un milliard de dinars. Il est encore en panne et dans l’incapacité de naviguer… Son moteur est en panne… L’administration n’a pas pris la peine de procéder à un audit… On a chargé une équipe composée de cinq techniciens  , mais on dirait qu’il s’agit d’un chômage rémunéré… Ils prétendent travailler mais ne le font pas… Si le navire a été acquis auprès du Japon pourquoi procéder aux réparations en Italie ?… On aurait pu aller au Japon ou inviter, dans le cadre des relations tuniso-japonaises, des techniciens japonais ».

Ces gens sont-ils en train de  savonner la  pente  à des lobbies qui veulent mettre la main sur des endroits comme le Belvédère ou « Dar El Hout » ? On commence vraiment à le croire tellement les « combines »  semblent bien ficelées. Préserver le patrimoine et les biens de l’Etat équivaut aussi à protéger notre souveraineté. A un très haut  niveau, le Chef de l’Etat ne lésine pas sur les moyens pour défendre  cette cause, mais il faut aussi que ces valeurs soient transmises par  l’éducation qui commence par celle de nos enfants dans le cadre de la famille. 

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