La Tunisie enregistre une moyenne de cinq morts par jour sur les routes. Un sinistre score qui classe nos routes parmi les plus meurtrières au monde. En cause, une infrastructure vétuste, un excès de vitesse inacceptable associé à un comportement des conducteurs à haut risque.
Mais là où le bât blesse, c’est que les professionnels du secteur du transport routier (conducteurs de bus, de taxi, de train, de camion…) sont les plus enclins à commettre les infractions les plus dangereuses.
En effet, une vidéo enregistrée par un passager à bord d’un bus de la société régionale de transport de Bizerte, qui fait la navette entre l’aéroport Tunis-Carthage et Bizerte, montre le chauffeur conduisant du coude et accroché à son portable durant une grande partie du trajet. Il semblerait aussi qu’il ait pris la liberté de consulter son compte Facebook. La vidéo a circulé sur les réseaux sociaux et a provoqué un tollé au point que la société de transport a annoncé la suspension dudit chauffeur, en attendant sa traduction devant le conseil de discipline qui décidera de la sanction à lui infliger.
Et même si des mesures disciplinaires étaient prises à l’encontre du conducteur, la société n’a rien prévu pour que cette situation qui met en péril la sécurité des passagers aussi bien que des usagers de la route ne se reproduise plus. Car seule une analyse du métier de chauffeur et des conditions d’exercice pourrait conduire à des changements profonds. En effet, il faut rappeler que ce métier obéit à des règles strictes. On ne se comporte pas de la même façon quand on transporte des malades en ambulance, des enfants à la crèche, des jeunes en excursion ou des personnes âgées. Ici, le rôle du chauffeur est de conduire à bon port ses passagers sains et saufs. Or, il ne suffit pas de délivrer un permis de conduire pour garantir une bonne attitude du conducteur.
Parmi les consignes à adopter pour une conduite responsable et prudente en passe de réduire le risque d’accident, vérifier si le conducteur est lucide et n’a pas consommé d’alcool ou d’autres stupéfiants. Le créneau horaire du départ des navettes devrait aussi prendre en compte l’état physique du chauffeur qui ne doit pas être épuisé par une autre mission accomplie la veille et qui pourrait provoquer la somnolence. La consommation de certains médicaments pour un simple rhume pourrait avoir aussi des effets secondaires qui peuvent altérer la conduite du chauffeur. Cela dit, plusieurs types de matériel informatique embarqués (interfaces d’exploitation, de contrôle à distance de vitesse, d’état de fatigue, etc.) permettent désormais d’améliorer le contrôle de la conduite des chauffeurs lors des déplacements en vue d’assurer la sécurité des passagers. Rien que l’observance de ces simples règles de bonne conduite pourrait éviter une succession de drames et d’accidents.