Les deux filières ont été choisies en fonction de leur importance pour la sécurité alimentaire, nutritionnelle et socioéconomique du pays. Mais aussi pour leur exposition aux risques agricoles et leur valeur au sein de la politique agricole nationale.
Une étude d’évaluation holistique des risques agricoles pour la filière oléicole et celle céréalière est en cours de réalisation. En fait, c’est la plateforme pour la gestion des risques agricoles Parm, hébergée et gérée par le Fonds international pour le développement agricole, Fida, qui accompagne le gouvernement tunisien.
14% du total des emplois
Le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche est représenté par la direction générale du financement des investissements et des organismes professionnels dans l’élaboration de ladite étude. Un atelier de restitution des résultats a eu lieu du 29 février au 1er mars à Tunis, avec la participation des différentes parties prenantes qui ont discuté ces données à mi-chemin.
Il en ressort que le secteur agricole en Tunisie revêt une importance vitale et constitue une des principales sources de croissance économique du pays. C’est qu’il a enregistré une croissance annuelle moyenne de 1,21 % au cours de la période 2015-2022, supérieure à celle de l’ensemble de l’économie qui a seulement progressé de 0,79% annuellement sur la même période. Aussi, l’agriculture tunisienne continue de contribuer à 14 % du total des emplois.
Cependant, le secteur fait face à de multiples risques, notamment dus aux épisodes de sécheresse qui ont tari nos réservoirs pendant quatre années consécutives, menaçant les récoltes qui sont essentielles à l’économie du pays et rendant cruciale l’importance d’une meilleure gestion des risques agricoles.
La Parm, comme moyen de lutte
Dans cette perspective, le gouvernement tunisien a approuvé en avril 2023 le lancement du processus Parm, qui est une initiative du G20 créée en 2013 avec pour mandat de permettre l’intégration d’une approche holistique de gestion des risques agricoles dans la planification politique, les capacités institutionnelles et les investissements dans le secteur agricole. La première phase du processus a permis de cibler la filière oléicole et celle céréalière comme objet d’étude d’évaluation des risques. D’ailleurs, ces deux filières ont été choisies en fonction de leur importance pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et socioéconomique du pays, ainsi que leur exposition aux risques agricoles et leur valeur au sein de la politique agricole nationale, tout en prenant compte de l’importance de l’expertise locale.
Les prochaines étapes du processus Parm comprennent l’identification des outils de gestion des risques agricoles en réponse aux risques prioritaires identifiés. Puis, il y a un autre axe de travail qui est le soutien à l’élaboration et à la mise en œuvre d’un programme d’investissement dans la gestion des risques agricoles identifiés dans les filières sélectionnées, en l’occurrence oléicole et céréalière.En somme, la Parm vise, entre autres, le renforcement de la résilience du secteur agricole avec une approche de genre.
C’est que la plateforme représente un partenariat multipartite mondial et stratégique dans le domaine de la gestion des risques agricoles. Elle est financée par le Fonds international de développement agricole, Fida, la Commission européenne, l’Agence française de développement, AFD, et la Coopération italienne au développement, Aics.
La sécurité alimentaire et nutritionnelle d’une population dépend en grande partie de la manière dont sont gérés et transformés les produits agricoles. L’agriculture en Tunisie est devenue un enjeu de plus en plus social, économique, écologique et sanitaire. Sa bonne gestion et son développement permettent de lutter contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, accentuée par plusieurs facteurs dont notamment les changements climatiques et l’instabilité des marchés mondiaux.
Résilience et investissement intelligent
En Tunisie, un peu plus de 40 % de la population travaillent dans le secteur agricole. En 2018, se secteur génère 10,4 % du PIB national et assure 15% des emplois.
Et si l’on compte les emplois indirects créés en matière de distribution ou encore dans le secteur du tourisme, le chiffre sera bien plus important. Le pays s’est lancé, depuis belle lurette, dans l’amélioration de la gestion des ressources naturelles, en dépit des défis posés et des changements insoutenables dans certains marchés comme celui des semences, des engrais et pesticides servant pour traiter les produits agricoles durant les différents cycles.
Certes, en ces temps de crise vécus à l’échelle planétaire par rapport aux pénuries de certains denrées et produits stratégiques dans la production agricole, les idées les plus pertinentes sont celles qui ouvrent la voie à la modernisation des méthodes de production. L’idéal est de compter sur les avancées technologiques pour préserver les ressources et produire une meilleure qualité tout en conservant l’environnement, les sols et les eaux déjà en nette surexploitation. Ainsi, les scientifiques ne cessent, au fil des jours, d’alerter quant à ces défis qui nous guettent au tournant. Rien ne peut renverser la vapeur qu’un investissement responsable qui préserve les ressources naturelles et humaines, en produisant plus intelligemment et persistant dans la voie du développement durable, garant d’inclusion et de résilience.