Le premier forum régional sur le crowdfunding vient d’avoir lieu, à Sousse. Cette manifestation marque le démarrage de la campagne de communication sur les mécanismes de financement participatif dans les régions. Organisé par l’Apii, sous le patronage de la ministre de l’Industrie, ce rendez-vous économique a connu la participation d’un bon nombre de porteurs de projet, responsables et startuppeurs.
C’est à Sousse que le premier forum régional sur le crowdfunding a eu lieu, mercredi dernier. Cette manifestation d’envergure marque, en effet, le démarrage de la campagne de communication sur les mécanismes de financement participatif dans les régions. Organisé par l’Apii, sous le patronage de la ministre de l’Industrie, Fatma Thabet Chiboub, ce rendez-vous économique a connu la participation d’un bon nombre de porteurs de projet, responsables et startuppeurs.
Dans son discours d’ouverture, Chiboub a indiqué que ce forum s’aligne avec la politique nationale de décentralisation inclusive.
Elle a affirmé que le crowdfunding représente un instrument de financement adapté permettant aux jeunes entrepreneurs de prendre en main leur destin. «Le financement participatif est bien plus qu’un simple procédé de mobilisation de ressources. Il traduit une véritable révolution dans le monde des affaires et de la finance. Il a permis d’établir des plateformes innovantes et accessibles aux jeunes entrepreneurs souhaitant concrétiser leurs visions et mettre sur pied des projets porteurs. C’est également un instrument financier sûr qui permet aux investisseurs de tout bord de promouvoir des initiatives génératrices de richesses», a-t-elle souligné.
Une réponse aux maux des jeunes entrepreneurs
Selon la ministre, le crowdfunding vient aujourd’hui en réponse aux problèmes de financement rencontrés assez souvent par les jeunes entrepreneurs. «En Tunisie, comme partout ailleurs, la levée de fonds auprès des institutions financières privées et publiques constitue un défi majeur. On le sait tous, l’entrepreneuriat est confronté à des obstacles. Aujourd’hui, ce mécanisme va contribuer à résoudre cette problématique de financement», a-t-elle précisé.
Elle a ajouté que le crowdfunding offre une opportunité de financement aux jeunes entrepreneurs quelle que soit leur catégorie socioprofessionnelle. Ces opportunités sont d’autant plus importantes —surtout avec l’adoption du nouveau texte sur la promotion de l’investissement— que de nouvelles perspectives peuvent s’ouvrir aux jeunes issus des régions.
«La simplification des procédures, l’élargissement des domaines d’investissement, la création des emplois et l’encouragement des PME sont nos priorités. Les nouveaux avantages instaurés dans le cadre de la nouvelle loi sur l’investissement permettent une réduction du taux de l’autofinancement qui passe de 30 à 10%. Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’une démarche cohérente que nous avons entreprise pour favoriser l’émergence d’une nouvelle classe d’entrepreneurs jeunes et dynamiques très impliqués dans leurs régions et soutenus par les institutions aussi bien régionales que centrales», a-t-elle conclu.
Les Tunisiens sont prédisposés à participer une telle activité
Pour Omar Bouzouada, P.-d.g. de l’Apii, le financement collectif est ancré dans la culture traditionnelle tunisienne. Pour illustrer ses propos, il a évoqué l’exemple de la tradition de la collecte d’argent, lors des fêtes matrimoniales, expliquant qu’il s’agit bien d’une forme de financement participatif.
Il a, par ailleurs, fait savoir qu’il existe trois types de financement participatif : le crowdfunding par le don, les prêts ou la prise de participation dans le capital. Le responsable a, dans ce contexte, affirmé qu’avec l’instauration d’un cadre législatif dédié et la création des toutes premières plateformes de crowdfunding en Tunisie, la dynamique est, bel et bien, déclenchée.
«Aujourd’hui, il est possible de déposer des demandes d’autorisation pour la création de plateforme de crowdfunding auprès des autorités de régulation compétentes», fait-il remarquer. En effet, l’Apii a lancé au mois de novembre dernier, un site web comportant toutes les informations sur ce nouveau mécanisme afin de vulgariser le concept et diffuser l’information. «Cet instrument devrait contribuer au développement de nouveaux projets, dont le financement ne dépasse pas les 2 millions de dinars. Aussi, la loi stipule que les plateformes doivent offrir l’accompagnement nécessaire aux entrepreneurs non seulement pour mener à bien les projets proposés, mais aussi pour s’assurer que les fonds versés soient exclusivement utilisés pour leur financement», a -t-il précisé, ajoutant que par soucis de sécurité, ces plateformes doivent respecter des règles de diligence afin de s’assurer des sources de financement.
L’exemple de Cha9a9a.tn
Livrant son témoignage, Samir Ksibi, co-fondateur de la plateforme de dons en ligne «Cha9a9a.tn», a expliqué, en somme, que la réussite de son expérience trouve son origine dans le capital confiance qui a été construit au fil des années. Lancée en 2018, Cha9a9a.tn a été à l’origine de plus de 6.000 collectes réalisées au profit de diverses associations à but non lucratif, mais aussi de sportifs et d’actions associatives. Ainsi, des fonds ont été collectés pour défendre diverses causes sociales.
«Les fonds collectés ont profité à des patients nécessitant des soins de santé, mais aussi à des associations à but non lucratif qui ont besoin de fonds de roulement. Le fait de se financer à travers une plateforme de dons permet de faciliter l’action de ces associations qui, aujourd’hui, se focalisent un peu plus sur la cause sociale», a-t-il répliqué.
Des activités soumises à une régulation stricte
Rappelons que trois autorités de régulation supervisent les activités de crowdfunding en Tunisie. Les activités dons sont soumises à l’ACM, celles relatives aux prêts sont contrôlées par la BCT et les activités investissements en capital relèvent du CMF. Pour les dons et libéralités collectés auprès des contributeurs au titre d’un projet présenté sur une plateforme de crowdfunding en dons avec ou sans contrepartie, ils ne doivent pas dépasser un montant maximum de deux millions de dinars. Les montants versés à travers ce type de plateforme ne doivent pas dépasser les 20 mille dinars. Quant à l’activité crowdfunding par la prise de participation dans le capital, le CMF a fixé certaines conditions, notamment le montant maximal de chaque contribution par projet qui a été plafonné à 10 mille dinars. Notons, aussi, que les résultats d’une étude prospective sur le financement participatif en Tunisie ont révélé que la création d’un écosystème innovant autour du crowdfunding permet de multiplier par trois le potentiel de ce nouveau mécanisme, ramenant ainsi les estimations des fonds collectés à plus de 12 millions de dollars. Pour favoriser l’émergence d’un écosystème développé, plusieurs actions et mesures sont, cependant, nécessaires. On cite, à titre d’exemple, l’accompagnement technique des créateurs de plateformes, l’éducation financière des porteurs de projet et la mise en place de KPIs pour l’activité de crowdfunding en Tunisie.