Une mère tunisienne, en contact avec son fils, un jeune homme de 18 ans resté à Gaza, livre à notre journal une description du quotidien de la population, à travers les échanges quotidiens avec son fils, lorsque les moyens de communications le permettent.
Alors qu’on s’attendait à un déblocage de la situation sur le terrain, dans l’espoir de permettre aux populations civiles de souffler un peu pendant le mois saint et de recevoir l’aide humanitaire, notamment alimentaires et sanitaires. C’est peine perdue. Au contraire, dans ces premiers jours de Ramadan, la situation semble empirer.
Les bombardements de l’aviation israélienne se poursuivent, causant tous les jours de nouveaux massacres. Le bilan des martyrs s’élève à plus de 31 mille, sans parler des dizaines de milliers de blessés. Ainsi avec l’avènement de Ramadan, lorsque la communauté internationale espérait une trêve, le calvaire des Palestiniens s’accentue dans toute la bande de Gaza. Selon le témoignage d’une mère tunisienne, en contact avec son fils, un jeune homme de 18 ans resté à Gaza, ce territoire est subdivisé en trois zones. Cédons-lui la parole pour nous livrer une description qu’elle a pu avoir à travers
les échanges quotidiens avec son fils, lorsque les moyens de communications le permettent : «D’abords, à Rafah, les conditions d’approvisionnement sont relativement meilleures, mais au vu de la densité des rassemblements, à chaque arrivage d’aides, l’affluence est telle que la situation dégénère vite, occasionnant des bousculades. Chacun espère mettre la main sur une petite portion d’aliments. Une situation qui fait prospérer le marché noir. Les prix des denrées alimentaires affichés en dollars sont hors de portée».
Les snipers israéliens tirent sur les civils affamés
Ensuite, il y a la zone de Khan Younès, auparavant le joyau de Gaza. Les approvisionnements dans cette partie sont également difficiles. Il faut batailler et faire de longs trajets à pied ou par le biais de moyens rudimentaires, à dos d’âne ou sur une charrette, avant d’arriver aux endroits indiqués. L’expédition peut s’avérer inutile. Mais plus grave, les tirs des snipers israéliens sur ces civils affamés à la recherche de pain pour nourrir les leurs se sont accentués.
La troisième zone, enfin, se situe dans le nord de l’enclave où les Palestiniens sont logés dans des tentes de fortune dressées sur des terrains vagues, ce qui les contraint à attendre les largages de colis qui ne tombent pas toujours à la bonne adresse, sans oublier que les personnes abritées sous des tentes sont des cibles faciles, avec le risque de périr de froid ou sous la pluie.
Pour revenir aux produits revendus au marché noir, c’est encore trop dur, car ces commerçants véreux profitent de la détresse de la population en proie à la famine pour quintupler les prix.
Une goutte d’eau dans l’océan
Ainsi un kilo de sucre, de riz ou de semoule coûte l’équivalent de 25 dollars, soit 80 dinars tunisiens. Un sac de 25 kg de farine se négocie à 1.000 dollars ! Et il faut le trouver d’abord. Ceci donne une idée sur les conditions que vivent les Palestiniens affamés, privés de soins, et pilonnés par les bombes depuis près de six mois.
Un bateau chargé de vivres est parti, hier, de Chypre à destination de la bande de Gaza. C’est le premier navire d’aide humanitaire à emprunter ce couloir maritime.
Ce bâtiment de l’ONG espagnole Open Arms transporte environ 200 tonnes de vivres (riz, farine, conserves…), selon l’AFP. Ils doivent être distribués à Gaza par l’organisation World Central Kitchen (WCK) du chef hispano-américain José Andrés. Dans un post publié sur X, WCK indique «travailler pour envoyer autant de bateaux que possible».
Et il en faudra, car ce bateau reste une goutte d’eau dans l’océan, comparé à la quantité d’aides dont ont besoin les réfugiés gazaouis qui pensaient
célébrer Ramadan, comme le reste des musulmans à travers le monde. D’autant que la mise en place de ce système par voie maritime s’avère compliquée.
Ainsi, avec la poursuite des bombardements et l’arrivée des aides au compte-gouttes, les Palestiniens de Gaza s’attendent à vivre un Ramadan difficile, devant une communauté internationale qui dénonce en vain, quand les décideurs sont tristement muets ou inefficaces.