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Maisons traditionnelles de la Médina : La magie du patio

 

Les maisons traditionnelles de la Médina ressemblent à leurs occupants: ouvertes à autrui, elles restent sur leur quant-à-soi. Généreuses dans l’hospitalité, elles préservent  leurs jardins secrets.

Fermées à la rue, les maisons traditionnelles de la vieille Médina déploient pour l’hôte de passage l’espace accueillant de leurs vestibules en chicanes, skifas fraîches et ombrées offertes à tous les conciliabules. L’ami seul accédera au patio : là est le cœur de la maison, là se révèle la vérité de la demeure.

Dans cet espace à ciel ouvert, caractéristique de l’architecture méditerranéenne, nœud obligé de tous les passages, de tous les croisements, bat le rythme de la vraie vie.

Matins laborieux des femmes à l’ouvrage qui lavent le linge, mijotent le repas, roulent la semoule, ou cardent la laine.

Siestes paresseuses autour d’un thé à la menthe ou d’un café parfumé à la fleur d’oranger, repos de la guerrière, chuchotements de femmes dans l’ombre du bigaradier ou du jasmin. Dans la fraîcheur de l’après-midi, le patio s’anime et se fait convivial.

Les voisines aiment à s’y réunir pour broder, coudre, tisser ou filer de concert. Le patio est certainement, à certaines heures de la journée, le dernier gynécée. Quand s’allument les feux, vient alors l’heure des hommes : ils dînent à la romaine, confortablement étendus sur des matelas au ras du sol et la télévision qu’ils installent n’a rien d’anachronique. Ils ont ramené des mechmoums de jasmin pour les femmes, et occupent les lieux pour une partie de chkoba. Avant d’être poliment mais fermement renvoyés au café du coin, les soirs de fête.

Alors, le patio s’illumine de guirlandes électriques, ses lambris de céramique vibrent de toutes les couleurs, et les murs se renvoient les échos de la derbouka : c’est la nuit des femmes.

Les hommes attirés par les échos de la musique, les reflets de la lumière investissent discrètement les terrasses, le prolongement naturel des patios.

Ce lieu qui leur est interdit le jour, où l’on sèche le linge, la laine, le couscous ou les piments selon les saisons, les accueille dans son ombre discrète, spectateurs silencieux d’une fête qui se célèbre sans eux.Après le départ des anciens, les patios des maisons de la Medina ont perdu, aujourd’hui, toute leur magie. Dans le silence de ces espaces clos, ne subsistent plus que les souvenirs du passé.

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Un commentaire

  1. Montygo

    17 mars 2024 à 09:34

    Pourquoi ne pas identifier les demeures traditionnelles de la Medina aptes à être réaménagées en maison d’hôtes mettant en valeur et restaurant aussi bien les trésors architecturaux ainsi, pour les visiteurs des lieux, que les recettes culinaires propres au pays.
    Cela pourrait faire l’objet de financements spécifiques pour la mise en valeur de ces richesses par des connaisseurs professionnels et pourrait être une source non négligeable de revenus pour les propriétaires de ces trésors cachés qui someillent au fond de la Médina, victimes de l’usure du temps.

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