En marge de l’exposition-débat «Voix intimes» organisée par Médecins du monde jeudi 21 mars à Sousse, Mme Lucie Jaeger, coordinatrice du projet Sehaty, nous a parlé de cet événement en particulier et du projet en général :
Présentez-nous le projet Sehaty…
«Sehaty» est un projet qui s’est étendu de 2022 à 2024. Il vise à améliorer la santé des populations, notamment les plus vulnérables en Tunisie. Il est financé par l’Union européenne et mis en œuvre en partenariat avec Mourakiboun et Cideal. C’est un projet qui a financé et accompagné 16 associations en sensibilisant et en encadrant 500.000 personnes.
Cette exposition se présente comme la consécration de ce projet…
L’exposition a pour objectif de sensibiliser le grand public sur les difficultés d’accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs en Tunisie. Contraception, avortement, suivi de grossesse, prise en charge des hépatites et du VIH sont des droits difficiles à obtenir pour les personnes les plus marginalisées de la société qui rencontrent des barrières administratives, économiques et, font face aux normes sociales parfois stigmatisantes ou discriminantes…
Chaque témoignage raconte une histoire personnelle et des moments de vie captés par la photographe Pauline Dupin, et vise à rendre la parole à celles et à ceux qu’on entend peu. Notons que cette exposition est mise en place grâce à la collaboration de l’Institut français de Tunisie et du Café-théâtre Trois Points.
Quels sont les points les plus importants sur lesquels vous allez travailler pour la pérennité de ce projet ?
Il s’agit de sensibiliser les citoyens et les citoyennes, et notamment les jeunes ou les personnes en situation de migration, sur leurs droits pour qu’ils et elles les connaissent, puissent les exercer et les revendiquer. Ensuite, il s’agit de renforcer la formation des professionnels de santé pour adapter la prise en charge aux besoins spécifiques des populations les plus marginalisées, comme les personnes consommatrices de drogues ou vivant avec le VIH par exemple. Et enfin il faut travailler pour l’adaptation des législations pour mieux répondre aux besoins des populations vulnérables, abroger les lois les plus discriminantes, comme l’article 230 pénalisant l’homosexualité et renforcer l’application des lois protectrices, comme la loi 2017-58 contre les violences faites aux femmes.
Il reste encore beaucoup à faire pour atteindre une pleine jouissance des droits sexuels et reproductifs en Tunisie. Médecins du Monde travaille avec le ministère de la Santé et l’Office national de la famille et de la population, dans le cadre de plusieurs projets, afin de mettre en place des actions conjointes et ciblées.