La question de sécurité nous renvoie à toute une époque de répression, d’oppression et de menaces qui pesaient lourd sur toute forme d’expression, de déplacements et de mobilité dans notre espace public. L’inscrire dans le cadre d’une nouvelle politique d’Etat globale revêt ainsi une vocation plus humaniste.
Juste après la révolution, cette perception qu’on avait eue à l’égard de la sécurité fut, alors, confirmée comme un rythme de vie imposé, voire une politique d’Etat, tout bonnement, soumise à un état d’âme si capricieux qui s’est traduit, au fil du temps, par une recrudescence d’actes de violence, d’agressions et d’un face-à-face aussi musclé. Certes, il s’agissait, par le passé, d’un fait accompli incarnant le spectre de la peur, de l’inquiétude, mais aussi le sentiment instinctif d’une crainte intériorisée pour l’avenir du pays.
A solutions multiformes, réponses multiples
En politique, cela s’appelle aussi la quête incessante de la sécurité nationale du pays, au sens large du terme, englobant également sa souveraineté et l’intégrité de ses territoires contre tout danger extérieur. Mais, comment arrive-t-on à relever tous ces défis sécuritaires? A solutions multiformes, réponses multiples. Haut gradé, général d’armée parti à la retraite en 2015, Mohamed Nafti a apporté des éléments d’appui, à même de repenser la sécurité nationale en Tunisie. Il vient, tout récemment, de publier, en langue arabe, son dernier livre intitulé «Construire la sécurité en Tunisie», le cinquième, sur une telle question si conséquente et multiforme. «Daesh», géopolitique du conflit, sorti en mars 2021, en était le quatrième.
Vieux routier de l’armée nationale, l’auteur a mis à profit son expérience militaire, en revenant sur une politique sécuritaire propre au pays. Ceci étant perçu comme un souci qui hante les esprits, depuis l’antiquité. Car, l’Homme en a toujours besoin pour se sentir en sécurité et mener sa vie dans la sérénité. Au-delà, l’auteur détaille une approche sécuritaire globale dictée par les exigences d’un nouvel ordre mondial aussi complexe que compliqué. Et ce, partant, également, de l’histoire et des valeurs acquises ayant marqué l’évolution de la société tunisienne.
Publié par les éditions Leaders, en février dernier, cet ouvrage est un essai sur la construction de la sécurité nationale en Tunisie qui «s’inscrit dans une optique de recherche dans le domaine de la science politique où l’accent est mis sur le rôle de l’Etat en tant qu’objet référent de la sécurité nationale. Il contribue à la conception commune d’une politique de sécurité en Tunisie».
La sécurité en tout temps, en tout lieu
De même, l’auteur vient d’analyser ce concept qui trouve ses sublimes significations dans le saint Coran, puis son développement notamment cognitif à travers les civilisations. Sa démarche puise jusque dans des conceptions qui s’accordent mieux avec le contexte tunisien, afin d’élaborer une politique nationale en la matière.
Par ailleurs, le livre comporte trois chapitres dont le premier apporte un éclairage théorique sur le concept de sécurité visant à étendre la compréhension du concept. Alors que le deuxième fouille dans les méandres des pensées et du comportement de la société tunisienne, ainsi que sa réactivité face aux éventuelles menaces vécues depuis l’antiquité jusqu’à l’indépendance. Autant dire, la sécurité en tout temps, en tout lieu.
Quant au troisième chapitre, le dernier, il relate, en guise de conclusion, les épopées sécuritaires et les enseignements qu’on pouvait tirer, dans le but de redéfinir les grandes lignes d’orientation de notre politique sécuritaire. Soit une sécurité républicaine telle qu’ imaginée, au lendemain de la révolution populaire, il y a maintenant 13 ans. Dans ce sens, tout projet de réforme ainsi discuté avec éclat n’avait pas plus d’effet qu’un pétard mouillé.