Administration moderne et de proximité, ce n’est qu’un vœu pieux. Il y a bien des années qu’on en parle, sans venir à bout d’une bureaucratie qui tue.
On se souvient encore du plan de sa mise à niveau, de sa numérisation pour épouser son temps et mieux servir des usagers las des monts et merveilles promis. Et les multiples promesses d’amélioration avaient, alors, manqué de bonne volonté. Jusqu’à présent, on ne voit rien venir.
L’administration tunisienne n’a pas fait sa révolution. La corruption la gangrène à fond et les convoitises politiques tirent vers le bas des prestations, déjà médiocres. Aux dépens des intérêts des uns et des autres. Personnel-usagers, ils se regardent en chiens de faïence, leurs relations n’ont jamais été au beau fixe.
Cette bureaucratie qui tue
13 ans déjà, tout est mis à nu face à une bureaucratie qui tue. Paperasse, formalités aussi lentes que lourdes, des allers-retours inutiles et prolongés, avec une communication en style maniéré et souvent prétentieux. Comme s’il s’agissait d’un héritage ancestral ou d’un bien personnel dont on pouvait faire ce qu’on voulait. Ainsi est perçu le service public en Tunisie, dominé par la mentalité du laisser-faire, laisser-aller. Et vogue la galère ! Mais aucun responsable n’a pris son courage à deux mains, pour rétablir cette situation si ubuesque. A vrai dire, notre dispositif administratif, aussi boiteux soit-il, fait toujours mine d’être au diapason des avancées et mutations du temps moderne, ce qu’ il n’est pas réellement. Il semble plutôt agir comme un colosse aux pieds d‘argile, n’ayant pas les moyens de son évolution. D’autant plus qu’il peine à gérer une charge salariale insupportable, avec un personnel en sureffectif, devenu de plus en plus ingérable. Dindon de la farce, le citoyen lambda ne trouve plus son compte. Quitte à être malmené dans des rouages labyrinthiques ou roulé dans la farine.
Le service public n’est plus à portée de main? Etant, à ses débuts, un mécanisme d’appui au service des gens, consacrant la continuité de l’Etat, l’administration tunisienne demeure, aujourd’hui, allergique à tout changement. Elle rentre dans des sphères relationnelles, sur fond d’intérêts étriqués. Dans ce cas d’espèce, le meilleur service se voit, alors, rendu au plus offrant. Favoritisme et clientélisme l’emportent. Mal servi, le pauvre citoyen se trouve parfois dans l’embarras du choix : Ou patienter ou soudoyer, il n’y a pas, semble-t-il, une troisième voie.
Peine perdue !
Que faire pour être mieux servi, alors qu’il s’agit d’un droit ? Face à cette vérité, nos prestataires de services agissent sans scrupules, faisant fi de leur charte éthique et de leur code de conduite. Pourquoi met-on un temps fou pour régler une simple facture ou se faire délivrer un extrait de naissance, sans pour autant avoir suite à sa demande ? On assiste souvent à peu de guichets opérationnels, les autres ne le sont pas, faisant une pause assez prolongée. Et bon nombre se voit traîner dans les parages, travaillant pour le roi de Prusse. Quant à leurs chefs, ils sont aux abonnés absents. Eux aussi n’ont pas la notion de temps. Peine perdue !
C’est pourquoi l’administration a besoin de changer sa manière d’être et d’agir. Aussi faut-il la sommer de procéder à des réformes structurelles, à même de parer à ses handicaps d’ordre réglementaire et organisationnel? Et là, le rôle de la société civile semble de mise. Son apport est considérable, en tant que force de pression et de proposition. Le médiateur administratif étant également un arbitre censé trancher sur tout conflit entre l’administration et ses usagers. Pas mal de requêtes lui sont remises régulièrement. A cette ère de digitalisation, l’administration publique aurait dû se rattraper et aller de l’avant. L’heure du renouveau a déjà sonné.