La Tunisie accélère la cadence dans les énergies renouvelables et multiplie les projets afin de rattraper le retard accusé dans sa transition énergétique au cours des dix dernières années. Malgré un taux d’intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique encore modeste (3%), le gouvernement compte taper dans le mille et atteindre les objectifs fixés d’ici 2030. Le rythme de réalisation des projets, qu’il s’agisse du régime d’autoconsommation, d’autoproduction ou de concession, devrait s’intensifier dans les mois à venir.
La publication, en décembre dernier, des textes d’application relatifs à la loi n°2019-47, permettra de favoriser la création de sociétés d’autoproduction d’électricité impulsant, ainsi, la transition énergétique des opérateurs économiques. “Aujourd’hui, les textes d’application de la loi de 2019 relative à l’autoproduction ont été achevés et publiés. Cette loi permet l’implémentation d’une société de projet qui vend l’électricité directement à un autoconsommateur. Par ailleurs, le régime d’autoproduction de 2015 a permis d’installer, à ce jour, une capacité d’une cinquantaine de mégawatts, et ce, avec la contribution de tous les intervenants, y compris de l’Anme qui a apporté son assistance pour la réalisation de ces projets”, a affirmé le directeur général de l’électricité et des énergies renouvelables, Belhassan Chiboub, dans une déclaration aux médias, et ce, en marge d’un séminaire organisé, récemment, par la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-française.
De nouveaux projets en cours
S’agissant du régime de l’autorisation, le responsable a indiqué que dix projets, totalisant une capacité d’environ trente mégawatts, ont été construits. Des projets qui sont, précise-t-il, pour la plupart réalisés par des promoteurs tunisiens et, donc, dont les coûts se chiffrent en dinars. “On est en train d’encourager ce type de projets. Nous prévoyons d’augmenter la capacité de 1 à 2 mégawatts. Nous allons également publier un nouvel appel à projets et ajuster le contrat pour baisser un peu les risques liés, notamment, à la mise en service ou encore au raccordement de ces centrales, tout en offrant un certain confort pour le financement de ces projets”, a ajouté Chiboub. En ce qui concerne le régime des concessions, le responsable a fait savoir que les travaux du projet de Metbasta à Kairouan, doté d’une capacité de 100 mégawatts, débuteront en mai prochain. “Il faut savoir qu’avec ce projet, nous avons acquis de l’expérience avec toutes ces autorisations exigées au niveau des différents départements, notamment la Banque centrale, les ministères des domaines de l’Etat, de l’Agriculture, des collectivités locales ainsi que des gouvernorats. Ce processus d’apprentissage a permis d’aboutir au bouclage financier et de passer à la phase de réalisation du projet. Nous espérons que cette expérience-là sera dupliquée pour les projets à venir. Nous n’aurons plus besoin d’autant de temps pour les réaliser. Désormais, les projets seront mis sur pied dans l’immédiat”, a-t-il insisté. Chiboub a, en outre, ajouté qu’ au 30 mai, plusieurs projets sous le régime des concessions devraient être soumis, notamment deux projets d’une capacité totale de 300 mégawatts avec pour sites Khobna à Sidi Bouzid et El Hicha à Gabès et deux autres projets de 100 mégawatts chacun, dont les sites seront proposés par les promoteurs. “Nous sommes en train d’essayer d’accélérer la cadence pour atteindre nos objectifs d’ici 2030. Il faut savoir que la transition énergétique n’est pas uniquement une question environnementale. C’est aussi une question de sécurité et d’approvisionnement”, a-t-il conclu.
Le nouveau contrat type de société d’autoproduction a été publié
Rappelons qu’en Tunisie, il existe trois régimes pour les projets d’énergies renouvelables. Le premier est l’autoconsommation, dédié aux opérateurs économiques qui produisent leur propre électricité. Le deuxième est celui des autorisations, il concerne les petits et moyens projets, dont la capacité est de 1, 2 ou 10 mégawatts pour le photovoltaïque et de 30 mégawatts pour l’éolien. Enfin, il y a les concessions qui forment un régime de substitution. Pour l’autoproduction, un nouveau régime a été introduit en 2019, avec la nouvelle loi qui donne la possibilité aux auto-producteurs de créer des sociétés de projet et de s’associer à des développeurs pour produire et leur vendre de l’électricité à partir des énergies renouvelables. A partir de décembre dernier, ce régime est devenu opérationnel avec la publication du nouveau contrat type de transport d’électricité et d’achat des excédents, ainsi que de la tarification liée aux services de transport, de stockage et de vente des excédents. Pour les prix du transport, ils ont été fixés respectivement à 25, 39 et 54 millimes par kilowattheure, et ce, selon le niveau de tension (haute ou moyenne), tandis que les prix d’achat de l’excédent et de report ont été fixés respectivement à 80 et 43 millimes par kilowattheure.