Situé en plein quartier financier de Tunis rue Hedi-Nouira, et jouxtant la Banque centrale, le musée de la monnaie demeure l’attraction des chercheurs, des investigateurs, des étudiants, des touristes et de toute personne qui veut identifier l’histoire de notre pays à travers la monnaie.
Durant les années soixante du siècle dernier, le musée de la monnaie était situé à la place qui porte encore son nom (place de la monnaie) au centre-ville, du côté de la rue de Rome, à proximité de l’ancienne Banque centrale. C’est ce que nous révèle Mme Zakia Loum, la directrice du musée, qui précise qu’entre juin 1979, date de la construction du nouveau siège de la Banque centrale, et novembre 2008 (celle de l’édification du nouveau musée), les monnaies anciennes datant de l’époque punique ont été jalousement conservées dans les coffres-forts de la Banque centrale pour rejaillir de nouveau et embellir les vitrines de ce musée, qui a ouvert ses portes au public depuis le 15 novembre 2008.
Trois mille ans d’histoire
Ce joli musée offre à ses visiteurs clarté et splendeur, tellement les livres sont bien ficelés et harmonieusement répartis entre l’histoire et la géographie; histoire qui se dicte par le biais des différents systèmes de monnayages établis par les différentes dynasties qui se sont succédé depuis trois millénaires et les lieux et domaines géographiques qui ont jalonné les territoires respectifs de ces dynasties; territoires conquis au bassin méditerranéen.
Accueil chaleureux des visiteurs
Pour être bénéfique, la visite de ce musée qui se fait généralement en groupe doit être guidée; et c’est Mme Zakia Loum elle-même qui, tout en accueillant les groupes de touristes, d’étudiants et lycéens accompagnés d’éducateurs, se convertit en véritable guide d’histoire pour bien expliquer à ses hôtes les différentes étapes de l’histoire ancienne et ses références à la monnaie.
A propos Mme Zakia Loun est bien placée pour faire le guide puisqu’elle est professeur d’université, numismate et diplômée en archéologie.
Et si on faisait le tour ?
Période punique : les premières monnaies de Carthage sont émises vers 410 av. J-C pour pouvoir payer les mercenaires grecs. Carthage est restée célèbre par le dynamisme de sa puissance économique. Ses émissions d’or sont parmi les plus abondantes de la Méditerranée du IVe siècle avant J.C.
Le redressement est confirmé par la conquête de l’Espagne à l’époque du grand empereur Amilcar.
Les royaumes numides : les rois numides Syphax et Messinissa (203-148 av JC) introduisent dans leurs Etats une nouvelle monnaie pour diffuser l’image royale et servir le commerce qui se développe avec les marchands grecs, romains et carthaginois.
L’époque byzantine : l’iconographie des monnaies bizantines révèle, à travers, l’effigie de l’empereur présenté de l’avers, et au revers, des thèmes de victoire et des motifs chrétiens.
L’époque d’Ifriqiya sous les gouvernements omeyyade et abasside : les premières monnaies d’Ifriquia sont émises entre 704 et 716 (calendrier grégorien) selon le type monétaire byzantin : le dinar est frappé d’or, le dirham d’argent et le filus de bronze.
Ifriqiya sous les Aghlabides 800-908 (calendrier grégorien): Ibrahim Ibn El Aghlab en l’an 800 choisit le type de monnayage qui s’apparente au type de monnayage abasside; on y trouve le nom de l’émir et au revers le sigle Ghalaba.
Ifriqya sous les Fatimides et les Zirides 908-1148 (c. grégorien): le type de monnayage a subi quelques transformations durant le règne des Fatimides et des Zirides. L’inscription gravée sur la pièce de monnaie affiche le nom du premier calife fatimide, Abdallah El Mehdi. En 1060, l’emir ziride El Mœz Ibn Bédis émit un nouveau type de monnayage en signe de rupture avec les chiites.
Le pouvoir ziride s’effrite par la suite lors de l’invasion des tribus hilaliennes. La monnaie chiite des Fatimides est de retour.
Dynasties maghébines 1122-1574 (cg) : les Amoravides qui ont régné dans le Maghreb occidental adoptent sur leur monnayage le type de légende dite sunnite des Zinides. Les monnaies hafsides d’or et d’argent sont semblables à celles frappées par El Mohades et leurs successeurs.
Régence de Tunisie : 1573-1881 : sous les Beys mouradites et husseïnites, la monnaie de la Régence met en exergue le rattachement du pays à l’empire ottoman… Le fondateur de la dynastie husseïnite, Houcine Ben Ali, au début du XVIIIe siècle, frappe les unités monétaires, successivement le sultanis d’or et le masiris d’argent.
Au cours de cette période, il est intéressant de savoir que le billet de banque en Tunisie d’une valeur de 50 riyals a été édité en 1847 durant le règne de Ahmed bey 1er.
Royaume de Tunisie sous le protectorat français (1881-1956) : le nouveau type de monnaie en diverses valeurs en or et en argent évoque une dépendance réelle par rapport à la France et une autonomie symbolique.
– L’indépendance du pays après 1956 : Les premiers billets de 1 dinar et de 1/2 dinar sont émis par la Banque centrale en 1958. Par la suite, la Banque centrale a émis en 1970 les billets de cinq et dix dinars.
Cette date se distingue aussi par la notion sécuritaire infligée aux billets; l’introduction de l’élément fluorescent sous les rayons U.V. ainsi que la transvision. Les billets émis après l’indépendance portent à l’avers la photo identitaire du président Bourguiba, 1er président de la République tunisienne, et au revers différents paysages tunisiens.
Autres billets et monnaies
Au premier étage de ce musée sont exposées les vitrines portant les spécimens des monnaies et billets bancaires du grand Maghreb, en l’occurrence la Libye, l’Algérie et le Maroc.
Sont exposées aussi dans le cadre d’échange culturel avec la Suisse et le Canada les vitrines portant quelques spécimens de la monnaie primitive (datant de l’ère primitive) et de la monnaie canadienne riche en couleurs.
Magasin de vente
Le musée de la monnaie est doté d’un magasin de vente de divers types de billets démonétisés pour les collectionneurs ainsi que des pièces monétiques en argent et en nickel.
On y admire par la même occasion ce joli coffret de 10 pièces commémoratives exposées pour la première fois à l’occasion du 20e anniversaire de la proclamation de la République.
Dans ledit magasin est aussi exposé à la vente un petit coffret contenant la nouvelle pièce de cinq dinars symbolisant la dot pour les nouveaux mariés.
Bibliothèque
Le premier étage de ce musée est embelli d’une petite salle chichement équipée d’œuvres collectives monétaires ainsi que de livres d’histoire.
Chercheurs, investigateurs et étudiants trouvent leur compte à travers cet espace qui relate les différentes étapes de l’histoire de notre pays.
Les nuits du musée
A l’instar des autres musées, celui de la monnaie est ouvert au public tous les jours de la semaine de 8h00 à 16h30 (excepté les lundis, jour de repos). Ce musée s’illustre par la programmation de quelques visites guidées nocturnes pour diverses occasions (soirées estivales pour les touristes, soirées ramadanesques et autres… vacances scolaires…).
Digitalisation
Bientôt, le musée de la monnaie aura son site web.
Selon Mme Loum, la directrice, le projet de digitalisation du musée est en cours d’exécution. Le public pourra accéder au lieu selon l’usage virtuel —à distance—. Par le biais de ce site, les intéressés peuvent y planifier leurs visites, la documentation et l’inventaire des pièces.
De même, par le biais de ce site, les intéressés (chercheurs, collectionneurs…) peuvent accéder à la boutique de vente des pièces et billets démonétisés.