Les Américains font bénéficier l’huile d’olive à l’importation depuis la Tunisie d’une exonération totale des droits de douane, ce qui a boosté ses exportations notamment durant les dernières années et la courbe est encore en augmentation. Une annulation de cette exonération pourrait peser lourd sur cette courbe…
Selon les statistiques de l’Observatoire national de l’agriculture, Onagri, les Etats-Unis ont été la première destination de l’huile d’olive tunisienne durant le mois de septembre 2023 avec 30,8% des quantités totales exportées (2,8 mille tonnes) suivi par l’Espagne et l’Italie avec respectivement 30,4% et 22,2%. Les exportations vers l’Union européenne s’établissent à 59,5%. Ceux destinés à l’Amérique du nord comptaient pour 33,4%. Seuls 2,3 % des volumes d’exportation ont été destinés à l’Afrique (Seychelles) et 1,9% vers l’Asie.
L’exportation de l’huile d’olive tunisienne vers les Etats-Unis a augmenté petit à petit depuis la mise en place de Agoa (African Growth and Opportunity Act), loi votée en 2000 par le Congrès américain, et qui avait infléchi depuis cette date l’évolution et l’orientation des échanges commerciaux entre les Etats-Unis et le continent africain. Cet acte législatif prolongeait le Système de préférences généralisé (SPG) en y ajoutant un volet sur les produits textiles, alors que les échanges Afrique/Etats-Unis, qui demeurent encore limités, se concentrent essentiellement sur les produits pétroliers ainsi que, en termes géographiques, sur un nombre restreint de partenaires commerciaux. Une préférence qui a fait profiter la Tunisie et notamment son huile d’olive d’une exonération totale des droits de douane à l’importation depuis la Tunisie.
Possible annulation des préférences américaines !
Et alors que cette initiative, l’Agoa, vient de connaître son 20e Forum qui a eu lieu en Afrique du Sud en novembre dernier, avec d’intenses tractations et à la clé un paquet de 55 milliards de dollars, annoncé par le président Joe Biden lors du Sommet USA-Afrique en décembre 2022 à Washington, l’autre candidat potentiel à la prochaine présidence des Etats-Unis, Donald Trump, a tout récemment annoncé lors de ses meetings populaires et autres qu’il compte annuler toutes les préférences douanières et commerciales données par son pays. Une annonce qui laisse présager des temps durs pour plusieurs partenaires préférés ou pas des Etats-Unis. Une telle décision pourrait limiter les pertes de la balance commerciale américaine avec notamment son rival la Chine, mais elle aurait, de l’avis de plusieurs experts internationaux et locaux, certainement un impact négatif sur les exportations de plusieurs pays en voie de développement dont la Tunisie. D’autant plus que l’exportation de l’huile d’olive tunisienne, tant convoitée par les marchés américains, risque d’être affectée. Une telle décision est prévisible en ces temps de perturbations géopolitiques mais surtout sur fond de guerre commerciale lancée depuis quelques années entre les Etats-Unis et la Chine.
Relatant cette expiration de l’Agoa, la directrice du programme Afrique chez Carnegie Endowment for International Peace, Zainab Usman, estime que cette initiative ne doit pas être abandonnée. D’après elle, cette loi pourrait être convertie à un partenariat économique stratégique avec l’Afrique «au lieu de sa forme actuelle qui donne sur un programme d’aide plutôt que d’un accord de partenariat». Selon une analyse récente qu’elle vient de publier, l’experte confirme qu’une éventuelle annulation de cette initiative donnerait l’impression que les Etats-Unis laisseraient tomber leurs relations commerciales avec l’Afrique.