La banalisation de la violence au sein de l’enceinte scolaire est devenue alarmante. Il ne se passe pas un jour ou une semaine sans que l’on n’entende parler d’une agression contre un élève ou un enseignant. Le plus inquiétant, c’est lorsqu’un fait parfois sans importance déclenche un passage à l’acte souvent agressif, voire très agressif chez les apprenants.
Le fléau de la violence s’enracine de plus en plus dans les établissements scolaires. Pas plus tard que la semaine dernière, dans un collège du Grand-Tunis, une enseignante a été agressée violemment par son élève, lorsqu’elle avait décidé de le mettre à la porte parce qu’il faisait trop de chahut dans la classe.
Ne tolérant pas ce qu’il juge comme un affront devant ses camarades de classe, l’élève arrive à se réintroduire discrètement dans la classe et frappe l’enseignante avec une chaise. Sous le choc, cette dernière s’en tire avec plusieurs points de suture.
Un comportement agressif normalisé
Agressions physiques, verbales à l’encontre des responsables et des enseignants et entre élèves, guerre entre bandes rivales, parents d’élèves qui s’en prennent aux enseignants…. les collèges et les lycées sont devenus des lieux où la violence s’exprime sous toutes ses formes, suscitant l’inquiétude au sein du corps enseignant qui ne se sent plus en sécurité.
Dans un des établissements secondaires de Ben Arous, les agressions physiques sont devenues monnaie courante. Il y a quelques semaines, un élève venu d’un autre lycée a agressé violemment un lycéen en lui donnant un coup de pied au ventre, ce qui a provoqué une hémorragie interne, entraînant la mort du jeune garçon.
Dans le même établissement, un autre élève a subi une fracture et des écorchures, échappant par miracle à la mort après qu’un camarade a tenté de le percuter volontairement avec le véhicule de son père. L’adolescent serait allé jusqu’à menacer le directeur de l’établissement, afin que ce dernier ne porte pas plainte. « Les scènes de violence sont quotidiennes dans cet établissement, relève S.N, parent d’élève. Mon fils et ma fille sont inscrits dans ce lycée. Ils ont été témoins d’agressions d’une grande violence à l’intérieur et à l’extérieur de cet établissement. Assister à de telles scènes cause un traumatisme psychologique chez l’adolescent. Une dispute entre deux camarades de classe aboutit parfois à une réaction disproportionnée de la part de l’un ou de l’autre. Récemment, suite à un différend, un lycéen s’en est pris à sa camarade de classe en écrivant des mots offensants et portant atteinte à sa dignité sur le mur qui se trouve en face de l’établissement. Cette dernière s’est sentie tellement offensée qu’elle n’a pu remettre les pieds dans le lycée ».
Prévenir et anticiper
C’est, sans conteste, la conjugaison de plusieurs facteurs, aussi complexes soient-ils, qui seraient à l’origine de la normalisation du comportement violent en milieu scolaire. L’exposition dès le jeune âge à des jeux vidéos violents, la passivité des parents qui prônent une éducation moderniste et qui n’ont pas su poser les limites nécessaires, afin d’annihiler les velléités de violence chez des enfants en pleine crise d’adolescence, l’héroïsation dans les médias des personnages qui ont recours à la violence pour rétablir l’ordre et l’harmonie au sein du groupe social et s’attirer le respect et l’estime des membres de leur communauté sont autant de faits qui ont contribué à banaliser l’agressivité au sein des rapports élèves-élèves et enseignants-élèves.
Ce fléau risque de prendre de l’ampleur dans les années à venir si une politique efficace, axée sur des mesures coercitives et des mécanismes draconiens, n’est pas mise en place, afin de juguler ce phénomène qui menace de plus en plus la stabilité de la société.
Toutefois, il ne s’agit pas de prendre des mesures disciplinaires radicales à l’encontre des auteurs de comportements violents et antisociaux (exclusion définitive de l’établissement scolaire…), car cela ne ferait qu’alimenter la spirale infernale de la violence, mais de canaliser cette agressivité en fournissant à ces élèves l’encadrement adéquat et en transformant cette violence en énergie positive.
Cela reviendrait également à agir en amont en s’inscrivant dans un processus de prévention et d’anticipation, tout en multipliant les actions de sensibilisation destinées à nourrir le sentiment d’empathie chez les élèves. Accorder davantage d’importance aux activités sportives et ludiques au sein des collèges et des lycées serait aussi de mise.
Miled
6 mai 2024 à 15:45
C est franchement navrant. En tant qu’inspecteur d’anglais à la retraite, je propose que les autorités éducative approchent le Bristish Council dans le cadre de la coopération bilatérale de s’informer sur le programme établi dès les années 1990 sous le nom de « Controlling emotions » cad. Maitrise des pulsions /émotions et qui a permis de maitriser le phénonmène de la violence liée au football, un programme scolaire en bonne et due forme. Il a donné des résultats probants. Pour plus d’information, lisez le livre de Miled Hassini, Carnet d’Ecoles publié aux Editions Arabesques. Il ne faut plus se contenter de se lamenter et de chercher des solutions coercitives. Il faut agir en amont. C est un problème d’éducation qui y va de la responsabilité de l’école. Un programme national en ce sens s’impose d’urgence.